mardi 25 mai 2010

Whipped Cream & Other Delights

Il y a plusieurs années, je m’en souviens très bien, j’avais ce disque dans mes affaires, trouvé au début des années 80 chez Sam the Record Man (pour ceux qui se souviennent de ce temple mythique du vinyle). Et puis un jour, sais pas pourquoi, il est mystérieusement disparu de mes affaires. Parfois lorsque l’on remet en ordre il arrive qu’on jette des trucs par inadvertance et je crois que c’est ce qui s’est produit cette fois-là. M’enfin. Donc, l’été dernier, je l’ai revu au marché aux puces dans le kiosque d’une petite dame qui devait avoir au bas mot une trentaine de boîtes de 33-tours. Pour une raison qui m’échappe encore je l’ai laissé là et c’est seulement après que je me suis dit «j’aurais donc dû». Durant quelques visites subséquentes au marché j’ai entreprit de retrouver le disque en question sans jamais mais sans succès. Ce n’est que beaucoup plus tard, alors que j'étais avec l'ami Jason, que la chance a tourné et que j'ai pu enfin remettre la main dessus.

On peut se demander ce que ce foutu disque peut bien avoir de si spécial pour que je me donne autant de troubles. Tout d’abord, il fait partie de ces disques instrumentaux que j’aime bien écouter lorsque je travaille dans mon studio. C’est aussi un disque qui est resté huit semaines en première position du Billboard en ’65 et plus de quarante semaines dans le Top 40. La toune A Taste of Honey s’est méritée trois Grammys. Whipped Cream (une autre toune du disque) a été adaptée pour devenir la chanson-thème de l’émission télé The Dating GameEt puis il y a cette fameuse pochette qui, pour 1965 était assez olé-olé.


C’est une fille du nom de Dolores Erickson qui pose. Elle s’était destinée à une carrière d’actrice et est parvenue à faire quelques apparitions dont la télésérie «77 Sunset Strip», «Father Knows Best» et le film «Love in a Goldfish Bowl». Ce milieu lui a permis de rencontrer John Wayne et d'avoir une relation avec le cousin de Frank Sinatra.

Mais n’ayant pas la formation requise pour véritablement percer dans le milieu cinématographique elle s’est tournée vers la profession de mannequin, d’abord pour les magasins Macy’s et ensuite pour la fameuse agence Ford de New York. C’est ainsi qu’on a pu voir Dolores sur quelques pochettes, dont celles-ci :





Dolores était déjà amie depuis un bon bout avec Herb Alpert et Jerry Moss, les cofondateurs des disques A&M (pour Alpert & Moss) et le photographe Jerry Whorf, ayant déjà travaillé avec la jeune fille auparavant, n’a pas hésité à faire appel à elle pour la nouvelle pochette. Elle fut payée $1,500 pour une journée de travail, ce qui était typique du salaire qu’elle recevait à cette époque.
Au moment d’écrire ces lignes Dolores est toujours bien vivante et s’adonne à la peinture, sorte de retour aux sources puisque plus jeune elle voulait devenir professeur d’art. Ses toiles ont d’ailleurs été exposées dans des galeries en Californie et aussi à Vancouver. Dolores ne manque pas aussi d’être bien amusée, pour ne pas dire flattée, qu’elle est encore sollicitée pour autographier la fameuse pochette, une des plus célèbres.
Un des premiers essais en studio. Le résultat, comme on peut le constater, était un peu trop osé. Aujourd'hui personne n'en ferait de cas mais en 1967 c'était autre chose. 

 
Dolores, il y a quelques années, alors âgée de 76 ans. 


Le saviez-vous? Sur la pochette Dolores paraît couverte de crème fouettée mais on s’est vite rendu compte que ça fondait sous les lumières du studio. Cela révélait alors un peu trop de chair, surtout pour les censeurs d’époque alors on a opté pour de la crème à barbe. Ah, et Dolores était alors aussi enceinte de trois mois.

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