mercredi 24 novembre 2010

Belding Corticelli

Samuel de Champlain s’est pas mal promené sur l’île et il a pas mal été impressionné parce qu’il a vu mais lorsqu’il est arrivé face à ce que l'on connaît aujourd'hui sous le nom des rapides de Lachine les cheveux lui sont venus droits sur la tête. Pour lui c’était clair; naviguer sur ces rapides n'était rien de moins que suicidaire et pour continuer vers l’ouest  il fallait absolument faire du portage. Il nomme d’ailleurs cet endroit Sault-Saint-Louis. Sault, faut-il le rappeler, c’est de l’ancien français qui veut dire, justement, des rapides. Le Sault-au-Récollet, sur la rivière des Prairies a conservé son appellation. 

Bien que ce soit une solution, le portage est une procédure qui ralentit considérablement le voyage et qui n'est pas sans risques étant donné la présence des Iroquois. Vers 1680 il vient alors, au supérieur des sulpiciens, François de Salignac Fénélon, l’idée de creuser une voie de contournement. L’idée est esstradinaire, comme dirait Sol, mais certains Amérindiens ne sont pas tellement d’accord avec l’idée et décident de faire connaître leur mécontentement avec, disons, une certaine agressivité. Tout s’arrête. En 1889, sous François Dollier de Casson, successeur de Fénélon, on a bien essayé de continuer les travaux mais les Amérindiens ont de nouveau fait avorter le projet avec le massacre de nombreux colons. 

La conquête Anglaise et l'industrialisation vont faire bouger les choses et en 1821 on s'attaque au projet du canal de Lachine avec le soutien d'hommes d'affaires. Ce canal permet deux choses, la première est de pouvoir contourner les rapides et la seconde, grâce au courant de l'eau, l'utilisation du débit afin d’alimenter de l’équipement industriel. Dès lors on voit l’énorme potentiel industriel qu’offre ce secteur et de ce fait, de nombreuses compagnies viennent s’établir tout le long. À partir du milieu de 19è siècle le canal Lachine devient le cœur industriel du pays et l'un des plus vieux au Canada. 

Parmi les nombreuses compagnies à profiter de la proximité du canal il y a la Belding Paul & Co. Il s’agit, faut bien le mentionner, d’une compagnie américaine qui donne dans la fabrication de la soie et qui loge, depuis 1876-77 dans un édifice de la rue St-Georges. En 1884 la compagnie achète un terrain en bordure du canal et fait bâtir une nouvelle usine selon les plans de John Ostell.


En 1911, Belding Paul fusionné avec Corticelli Silk Company, qui se trouvait à être son grand compétiteur. La nouvelle entité devient alors la Belding Paul Corticelli puis finalement Belding-Corticelli tout court. On produit de la soie pour la couture générale ainsi que la confection de vêtements; industrie qui fonctionne alors à plein régime à Montréal et en périphérie. Les employés de la Belding Corticelli ne manquent certainement pas de travail. A défaut d’être un employeur de taille avec une usine gigantesque, la Belding Corticelli a néanmoins le mérite d’être le gagne-pain de bien des familles avec des salaires relativement décents. En 1933 on compte 225 employés et dix ans plus tard ce nombre est porté à 742.

Avec l’ouverture de la voie maritime du St-Laurent en 1959, le canal Lachine est rapidement devenu obsolète et on l’a éventuellement fermé. Les industries ont dû s’adapter mais bon nombres d’entre elles ont tout simplement décidé soit de fermer, déménager ailleurs où se voir acheter par d’autres compagnies qui ont alors relocalisé les effectifs. En 1949 la Belding-Corticelli achète un grand terrain à Greenfield Park pour y faire construire une nouvelle usine et l’entreprise quitte définitivement Montréal en 1982. À partir de cette année-là plus rien ne se passe dans la vieille bâtisse près du canal. En fait il serait mieux de dire que tout a carrément été laissé à l’abandon. C'est à ce moment que l'on craint pour le sort d'un bâtiment mais heureusement l’ancienne usine a été récupérée afin de la transformer en condominiums. Ce qui ajoute à cette récupération du patrimoine industriel , qui devrait être imitée plus souvent, est que les architectes ont fait un excellent travail afin de conserver le plus possible l'apparence d'origine de l'usine.



En prime, si vous allez dans le quartier chinois à Montréal, promenez-vous sur de la Gauchetière entre Saint-Laurent et Saint-Urbain, portez une attention aux murs. Avec un peu de chance vous pourrez facilement voir ceci :

Parlant de pub, voici les deux côtés d'une règle de 18 pouces qui appartenait à ma couturière de grand-mère.




Le saviez-vous? En plus d'avoir été le berceau de l'industrialisation du pays, les entreprises qui se trouvaient près du canal Lachine employaient, à leur apogée, pas moins de 25 000 travailleurs.

4 commentaires:

  1. Ce n'est pas la seule usine de Belding Corticelli être encor debout. Celle de Coaticook est toujour debout même si elle est en piteuse état en ce moment. Elle a femer en 2004. si vous vistez les Gorges de Coaticook vous pouvez voir l'arrière de l'usine, mais aussi des objets de l'usine

    Suivez les liens suivent ou taper Belding Corticelli Coaticook dans moteur de recherche

    http://www.histoire-coaticook.qc.ca/frames/circuit.html

    http://www.cyberpresse.ca/la-tribune/estrie/201003/23/01-4263346-que-deviendra-le-batiment-de-la-belding-corticelli.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=envoyer_cbp

    http://www.habitationscorticelli.com/index2.php?page=projet.

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  2. Ah oui, c'est à deux pas de l'ancienne usine de Sonoco aussi, sur la même rue!

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  3. Merci Chantal pour cette information!

    Francis: Effectivement, le secteur du canal Lachine était très dense en usines de toutes sortes.

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  4. Usine Sonoco?
    Connais pas.
    Abandonnée elle aussi?

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