jeudi 19 avril 2012

Une légère transformation

Ah, l'obsession de la minceur, de la beauté et de l'apparence! Combien d'actrices d'Hollywood se paient des chirurgies esthétiques fort coûteuses comme des lipposuccions, des liftings, des injections de silicone ou de botox? En regardant tout ça, parfois en secouant la tête d'incompréhension, on aurait tendance à croire qu'il s'agit d'un phénomène relativement nouveau, que ce genre de truc débile n'avait pas sa place avant, vous savez, durant l'âge d'or du cinéma. Vous savez, cette merveilleuse époque où les actrices étaient toutes belles naturellement.

Pas si vite.

Évidemment on pourrait penser à une petite brunette frisée du nom de Norma Jean Baker qui parlait d'une voix nasillarde et qui, après un travail de diction et un peu de teinture devint cette légende blonde que fut Marilyn Monroe. Ce n'était toutefois rien en comparaison de la transformation extrême que dût subir une autre actrice du temps et qui fut, elle aussi, un sex-symbol exposant dix.

Faites la connaissance de Margarita Carmen Cansino, native de Brooklyn et fille de Volga et d'Eduardo Cansino Sr., tous deux danseurs professionnels. Si le père de Margarita voulait qu'elle soit aussi danseuse sa mère espérait qu'elle devienne plutôt actrice.

Une jeune Margarita.

Margarita avait huit ans quand la famille déménagea à Hollywood en 1927. Vers l'âge de 16 ans elle signa un contrat avec la Fox mais n'eut que des rôles parfaitement mineurs sans importance et Fox décida de ne pas renouveler son contrat. C'est alors qu'elle fut approchée par Columbia Pictures qui lui avoua tout de go que si elle n'arrivait pas à percer c'est parce qu'elle avait un look trop «latino», tout simplement. Pas bon. Pas bon du tout, affirma Columbia. Quelques petits changements s'imposaient donc.

Commençons d'abord par la ligne de cheveux. Celle-ci, relativement basse sur le front lui collait automatiquement l'étiquette «latina» ou «méditerranéenne». Cansino eut donc l'immense «plaisir» de se soumettre à de joyeuse séances d'électrolyse, vous savez, ces charmants chocs électriques qui tuent les follicules afin qui ne repoussent pas. Et ceci à une époque ou l'anesthésie se limitait probablement à quelqu'un qui vous flattait la main en vous tendant un verre de cognac. Maintenant que vous vous êtes pressé le bout d'un fer à friser sur le front quelques centaines de fois vous êtes prêt à passer à l'étape suivante.

 Pas encore un sex-symbol légendaire, mais ça ne devrait pas tarder...

Même si la ligne de cheveux était maintenant repoussée il n'en demeurait pas moins que Margarita avait toujours un certain look «exotique», ceci en raison de sa peau joliment basanée. Qu'on s'affairerait à blanchir avec un procédé hautement controversé aujourd'hui en raison des nombreux effets néfastes que les produits chimiques utilisés comme le chlorure mercureux ou le benzène-1,4-diol peuvent avoir sur la santé. Imaginez comment la procédure, nullement règlementée, devait être amusante et sécuritaire il y a de cela 70 ans.

La peau maintenant «blanchie» sur toute la surface du corps, il ne manquait plus qu'une dernière chose: une teinture capillaire afin de passer de brunette foncée à rousse. Sans oublier non plus le petit changement de nom officiel afin de passer de Margarita Carmen Cansino à...


Ta-daaaaaam! Rita Hayworth!

Elle était maintenant assez nord-américanisée pour passer des bars enfumés aux grandes productions comme Gilda et côtoyer les Fred Astaire et Gene Kelly de ce monde. Son image, imprimée sur des posters, se vendit comme des p'tits pains chauds et elle fut même peinte sur des avions de la Seconde guerre. C'était le bon temps, où être soi-même pouvait ouvrir toutes les portes. Même celles d'Hollywood.

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