mardi 28 mai 2013

dómibus


Tenez, voici le Terrace Harp, sur Sherbrooke à l’angle de St-Laurent. Ni Le Petit Robert ni le Larousse n’ont d’entrée pour le mot «terrace» qu’on pourrait traduire par «terrasse» mais la définition du mot ne s’accorderait pas avec l’ensemble architectural qu’on voit sur la photo. En anglais par contre il définit une rangée de maisons résidentielles qui sont, plus souvent qu’autrement, assez identiques. Celles-ci ont été construites en 1864 selon un style devenu caractéristique; brique et toit plat, ce qui permet l’écoulement, dans la partie basse, de l’eau de pluie. La disposition en dents-de-scie est attribuable au fait que l’on voulait placer les maisons en parallèle avec la rue Sherbrooke.



Saviez-vous ça vous autres? L’ensemble des maisons là, y'en a cinq, ben ça fait l’objet de rénovations y'a pas si longtemps, genre la brique pis les boiseries mais les travaux y’ont pas touché à la cinquième su'l coin de Sherbrooke pis St-Laurent qui a l'air du y'able. Non mais s'tu assez bizarre tien qu'un peu? 

jeudi 23 mai 2013

Ça cogne!

Dites, vous étiez où le mardi 25 janvier 1927 au soir, disons aux alentours de 18:30? Évidemment y’a des chances pour vous n’étiez même pas au monde, mais si vous auriez été au coin des rues Guy et St-Jacques vous auriez eu droit à tout un spectacle. Faut quand même que j’ajoute ici qu’il s’agit d’un spectacle que tous les résidents dans le coin s’attendaient de voir un jour ou l’autre. Si vous connaissez le secteur vous allez probablement dire que cette intersection n’a rien de bien particulier et que s’en est une comme bien d’autres à Montréal alors qu’est-ce qui la rend plus spéciale ou plus propice à un «spectacle» quelconque?

Alors allons-y donc avec un peu de remise en contexte, si vous le voulez bien.

 La gare Bonaventure telle qu'elle apparaissait avant qu'un incendie vienne la priver de sa magnifique toiture en 1916.

En 1927, à l’emplacement approximatif de l’ancien Planétarium Dow, se trouvait la gare du Canadien National mais construite par le Grand Tronc en 1886. Les voies ferrées quant à elles longeaient la rue St-Jacques (autrefois St-James) et filaient vers l’ouest incluant l’accès vers le pont Victoria ainsi qu’aux ateliers de Pointe St-Charles. Le train, à cette époque-là, était un moyen de transport très populaire pour les trajets hors de la ville et pour la ville proprement dit, c’était le tramway. Ceci veut donc dire qu’à certains endroits se croisaient les voies ferrées de ces deux moyens de transport. Et justement c’est ce qu’on retrouvait à l’intersection des rues Guy et St-Jacques où les deux voies de la Montreal Tramways Company chevauchaient les huit voies du CN. Comme je le disais plus haut, pour les gens du coin il y avait là tous les ingrédients nécessaires à un éventuel accident. Et si j’ai mentionné en début d’article la date du 25 janvier ô-soir, c’est exactement parce que.

Donc.

Ce soir-là le tramway 772 remonte le circuit Guy en direction nord et s'approche de la traverse de chemin de fer situé juste avant la rue St-Jacques. Le garde-moteur Beaudet s'arrête selon la procédure et observe le signal de l'aiguillage de sûreté. Ce dernier indique que la voie est libre. Beaudet pousse le levier de commande et le tramway s'engage. Il s'apprête à croiser la huitième et dernière voie quand arrive soudainement la locomotive 5278 du CN. Celle-ci vient de laisser des passagers à la gare Bonaventure et s'en retourne aux ateliers de Pointe-St-Charles. La violence du choc fait voler en éclats toutes les vitres du tramway et soulève ce dernier, le séparant des deux bogies de roues, et l'envoie dans un fossé qui longe la voie ferrée.

Une locomotive de type Pacific similaire à celle impliquée dans l'accident.


Les secours arrivent mais les gens qui étaient à bord du tramway, lequel a été renversé sur le côté, ont pu s'extirper du véhicule eux-mêmes. Par miracle aucun des dix-sept voyageurs n'est blessé sérieusement et on les dirige dans l'immeuble de la compagnie Gotfredson Trucks situé tout juste au coin de la rue. Là, médecins ont soigné les gens et tous on été en mesure de s'en retourner chez eux sauf quatre que l'on a jugé mieux de faire transporter à l'hôpital.


M. Hutchison, vice-président de la Montreal Tramways Company, remet un communiqué à 11 :30 dès le lendemain de l’accident dans lequel il raconte les circonstances de l’accident. Pour le maire Médéric Martin la situation des passages à niveau n'a que trop duré. En entrevue il déclare: «Ceci me donne raison. Je dis que nous aurions dû aller à Québec, cette année, pour demander à la législature l'autorisation de faire, à même notre pouvoir d'emprunt, certaines améliorations telles que viaducs, tunnels et autres dont la nécessité se fait de plus en plus sentir chaque jour. En plus du danger qu'ils offrent, les passages à niveau sont une cause de retards continuels. Lorsque j'étais fabriquant de cigares il y a de cela 25 ans, il fallait attendre de 20 à 25 minutes pour laisser passer les trains. Dans certains endroits de la métropole la situation ne s'est guère améliorée. Nos autorités en général devraient travailler un peu plus à la solution de ce problème. Il est certes bon de protéger les chemins de fer mais il bon de même de penser un peu aux simples citoyens. Il y a quelques années j'avais proposé un moyen de supprimer les passages à niveau; mes plans ont été détruits lors de l'incendie de l'hôtel de ville (3 mars 1922, NDLR). Les voies des chemins de fer auraient longé le canal, d'après ce projet, et auraient atteint une gare centrale en devenant des voies élevées à l'entrée de la ville


La solution de la ville sera de construire un viaduc qui enjambe les voies ferrées du Canadien National, mettant ainsi fin à une problématique qui avait duré un peu trop longtemps. Aujourd’hui il serait assez difficile pour n’importe qui d’imaginer qu’à cette intersection se trouvait des voies ferrées et un viaduc; tous les deux ayant disparu, tout comme la gare. 

 Le viaduc terminé (Photo: Archives ville de Montréal)


Le numéro 1 indique la rue St-Jacques alors que le numéro 2 indique la rue Guy. L'étoile rouge indique l'endroit approximatif de l'accident. 

 
Saviez-vous ça vous autres? La locomotive 5278 qui a cogné l'tramway là, ben c'est une Pacific 4-6-2 de classe J-7 qui a construite à la Montreal Locomotive Works en 1918-19 pour le Canadian Government Railway. Pis la loco sur la photo, un ti-peu plus haut, même si c'est une Pacific, c'est une classe J-3 qui a été construite entre 1912-13 pour le Grand Tronc. On dit ça juste pour être certains que y'a pas de mélange. Vous avez toutte prit ça en note là? Y'a un test demain.

samedi 18 mai 2013

Hominem


Le sujet a fait couler de l’encre. Beaucoup d’encre. L’Homme,d’Alexander Calder (que j’ai photographié ici et par là), n’est pas à la bonne place disent certains, convaincus qu’ils sont que l’imposante sculpture devrait se trouver ailleurs. Parce que si elle est ailleurs, comme par exemple pif-poil au milieu de l’ancien échangeur des Pins, elle va être mieux vue et admirée. Ça va attirer les touristes à pleine pochetées. Comme pour Johnny B. Good on va venir des milles à la ronde pour voir l’œuvre. Mieux en plein milieu du traffic que perdue au milieu de l’île Sainte-Hélène. 
Ouais.

Bon, vous me connaissez sûrement depuis le temps alors vous savez qu’il n’est pas question pour moi d’aborder un tel sujet sans ouvrir le capot de l’histoire et y regarder de plus près. Pour ce faire on retourne à cette année tout à fait extraordinaire et parfaitement pharamineuse que fut 1966 (et je ne dis pas ça seulement à cause de l’album Revolver, ha!).

D’abord, et en premier lieu, faut comprendre que si la sculpture est sur l’île Sainte-Hélène c’est probablement parce qu’il y a une raison.Et la raison en est une de taille puisqu'en 1966, à l’occasion d’Expo 67 qui approchait à grands pas, la société minière International Nickel Company of Canada, mieux connue sous le nom d’INCO, a décidé d’offrir pour l’évènement un cadeau tout à fait extraordinaire : une sculpture géante commandée à l’artiste Alexander Calder.

Calder a donc conçu l’œuvre de concert avec le thème d’Expo 67 : la Terre des Hommes et a incidemment nommé sa création: l’Homme, faisant ainsi référence non à la gent masculine mais au genre humain peu importe son origine, la couleur de sa peau où la langue qu’il parle. 

La sculpture a officiellement été offerte aux citoyens de Montréal le 17 mai 1967 à l’occasion du 325è anniversaire de la ville. Pour l’occasion on a placé dans une capsule de temps des documents relatif à la cérémonie et on a déposé celle-ci au pied du stabile. C'est lors du grand réaménagement de l'île Ste-Hélène dans les années 90 que l'on a déménagé la sculpture. De son emplacement original près du chenal LeMoyne on l'a mise un peu plus au nord, plus près du St-Laurent. On a aussi prit soin d'emporter la capsule de temps, laquelle ne pourra être ouverte que le 17 mai 2067 par le maire de Montréal et à son entière discrétion. 

Ceci étant dit, une œuvre n’est jamais dénuée de sens, ni de signification. Calder ne fait pas exception et il a magnifiquement imprégné le sens de Terre des Hommes dans sa création et ceci incluait l’environnement d’Expo 67. Enlever l’œuvre d’où elle se trouve pour la mettre quelque part à Montréal ce n’est pas seulement la déraciner mais aussi la dépouiller de toute sa signification artistique. Bref, pour tout ce qu’elle représente, l’œuvre de Calder doit absolument demeurer là où elle est. Et si on désire que les gens l’apprécient davantage, pourquoi ne pas mettre mieux en valeur le riche héritage d’Expo 67 et inviter les gens à venir le redécouvrir sur ces îles inventées?

Parce qu’’Expo 67 c’était bien plus que des ballons et des pavillons. 

 
Saviez-vous ça vous autres? Le stabu… stabb… stabyl… la sculpture là, ben pas de farces, a fait 20.422m de hauteur (20 mètres point 422, pas 20,422 là). C'est d'la signification pas à peu près ça. Bon, là on vous voit tout mêlés pis c'est ben normal parce qu'aujourd'hui toutte se passe en métrique. Faites une conversion en pieds pis vous allez toutte comprendre.



 

mercredi 15 mai 2013

ingressu


Détail de l’entrée Guimard de la station de métro Square-Victoria. Il fut offert au métro de Montréal en 1966 afin de commémorer la collaboration entre les ingénieurs canadiens et français pendant la construction du métro, lequel, sous la recommandation de la Régie Autonome des Transports Parisiens, allait utiliser des voitures sur pneumatiques. L’installation s’est cependant faite en 1967, année où l’on célébrait Expo 67, le centenaire de la confédération ainsi que le centième anniversaire de Hector Guimard.

 
Saviez-vous ça vous autres? De chaque bord de l’enseigne, oussé que c’est marqué «Métropolitain» là, bon ben y’a deux lumières, une de chaque bord. À un moment donné on s’est rendu compte que les globes en étaient des originaux en verre. Mieux, c’était les derniers de c'te genre-là qui restaient dans l’monde. Allez-y pas y sont pu là. Astheure c’est du polycarbonate qui est, comme vous l'savez, est un polymère issu d'la polycondensation du bisphénol A pis d'un carbonate (ou du phosgène si yé en spécial).

samedi 11 mai 2013

domum nuntium


Quelque part dans le Mile-End au hasard d’une promenade. Entrée d’ancienne maison de rapport caractéristique de l’époque; fondation en pierre de taille, brique commune et porte d’entrée en bois massif avec, à l’intérieur, un escalier de marbre. Le vitrail au-dessus et les lampadaires ajoutent au charme de la bâtisse.

J’ai pris cette photo avec un accompagnement musical tout particulier. Tout juste à côté, assise dans les marches du bâtiment voisin, se trouvait une jeune fille à mi-chemin dans la vingtaine, souriante comme la vie, bohème d’apparence et de cœur avec un beau teint basané. Nu pieds, longs cheveux avec un bandeau coloré et vêtue d’une simple robe de lin toute légère dont la coupe aérienne laissait voir sans effort de magnifiques petits seins bien dressés, elle chantait comme le vent avec une voix magnifique, toute veloutée. Je me suis laissé charmer, l’écoutant pendant que je prenais mes photos. J’étais son seul public mais elle appréciait et fredonnait comme si elle était sur la scène de l’Olympia.

 
Saviez-vous ça vous autres? Maison de rapport là, ça veut pas dire que c’est une place oussé qui se passait des cochoncetés. Pantoute. Ça c’est un bordel, du genre où l’monde échange du cash pour des «services» ben l’fun mais un tout ti-peu dans la marge (voir hôtel de ville). Faque une maison de rapport c’est tout simplement une maison où y’a des services communs aux locataires.

jeudi 9 mai 2013

Un autre géant nous a quitté

Nous voilà assis au cinoche dans un de ces gros fauteuils muni d’un de ces supports pour les barils de boissons gazeuses. Sur l’écran y’a ce dernier gros blockbuster américain qui vous poivre les yeux et les oreilles (mais pas le cerveau). Ça pétarade, ça pète, ça rugit et ça détonne. Boum, crac! Des monstres se tapochent sur la tronche en se lançant tout ce qui leur tombe sous la main; des voitures, des camions, des trains, des avions, des buildings. Tiens-toi!

Même si ça décoiffe et que ça impressionne nous ne sommes pas dupe parce qu’on sait très bien que ce sont des images de synthèse entièrement concoctées par des ordinateurs. La grande majorité des films que nous voyons comportent en grande majorité de ces effets spéciaux dont la quantité et la complexité peuvent varier selon le genre et les besoins. Nous y sommes tellement habitués que nous ne les voyons pratiquement plus. Au début ça impressionnait. Suffit de penser au personnage du T-1000 dans Terminator 2, fait de métal liquide, ou de l’extra-terrestre composé d’eau dans The Abyss. Avec Jurassic Park la technologie numérique s’est imposée et de ce fait, a pratiquement signé l’arrêt de mort des techniques dites traditionnelles. C'est rapidement devenu si avançé qu'il est possible de remplacer un acteur par un personnage 3D avec une différence à peine notable.

Vous avez vu le péplum Gladiator avec Russell Crowe? L'acteur britannique Oliver Reed y tenait le rôle de Proximo et durant le tournage l’acteur est mort alors que la photographie n’était pas terminée, Ridley Scott a donc dû faire appel à la technologie numérique pour le remplacer dans les scènes qu’il restait à tourner. Les gens n’ont pratiquement rien vu.Et c'était il y a plus de 10 ans.

Les catins numériques animées par ordinateur c’est bien beau mais comme je le disais plus haut, on le sait, on le voit que c’est de la synthèse. Comme Yoda dans les prequels. Vous avez trouvé crédible le Yoda par ordinateur? Je préfère largement la catin en caoutchouc manipulée par Frank Oz.

Et tout ça, finalement, pour en venir à mon sujet du jour. C’est de l’ami Jerry Scott que j’ai appris la nouvelle. Ray Harryhausen, le génie des effets spéciaux traditionnels est mort à l’âge de 92 ans. 

(Crédit photo: Jerry Scott)

Harryhausen on le connaît pour avoir animé quantité de monstres et bibittes diverses en utilisant des petites marionnettes animées image par image et qui étaient par la suite superposées à de vrais acteurs. Comme pour les effets numériques, on savait que les bestioles contre lesquelles se battait Sinbad ou Jason n’étaient pas vraies mais la technique de Harryhausen fonctionnait tellement bien que ça nous foutait la trouille à chaque fois et ce, même si on le savait parfaitement bien. 





Cependant, et bien qu’il ait élevé la technique au rang d’art, le procédé d’image par image n’a pas été inventé par Harryhausen. Faut tout de même rendre à César ce qui revient à… O’Brien. Willis O’Brien. Il s’agit du type qui a conçu les effets du film King Kong (RKO Radio Pictures) en 1933. O'Brien avait largement fait usage d'un gorille miniature avec une armature articulée et qui permettait avec la technique d'image par image et de jeux de caméra de donner l'illusion que King Kong était bien réel. Pour 1933 en tout cas.

Ray Harryhausen, fortement impressionné par King Kong, décida de se lancer dans le métier. Un ami s'arrangea pour qu'il rencontre Willis O'Brien lequel, après avoir observé les premiers efforts de Harryhausen, lui conseilla de suivre des cours en arts graphiques et en sculpture afin de parfaire ses talents.

Peu après la guerre Harryhausen réalisa une bobine-démo qui contenait plusieurs de ses projets et la montra à O'Brien qui l'engagea alors comme assistant-animateur pour les besoins du film Mighty Joe Young en 1949. Alors que O'Brien se concentrait à résoudre toute une multitude de problèmes techniques il laissa la majorité du travail d'animation à Harryhausen. Ce travail valut à O'Brien de recevoir un Oscar pour les meilleurs effets spéciaux.

En 1953 Ray Harryhausen fut entièrement responsable des effets spéciaux du film The Beast From 20,000 Fathoms et celui-ci connu un succès international. C'est durant le tournage de ce film que Harryhausen conçut sa méthode qui consistait à séparer l'avant et l'arrière-plan, une technique un peu complexe qui lui permit de mettre ses créatures en sandwich entre deux plans d'action contenant de vrais acteurs.

Les créatures de Harryhausen étaient fabriquées selon le même procédé qu’O’Brien avait utilisé pour King Kong; une armature en métal articulée était d'abord construite et laquelle était ensuite "habillée" de caoutchouc-mousse habilement sculpté. C'est la mère de Harryhausen qui assistait à la confection des peaux sur les créatures alors que son père machinait les squelettes. A la mort de ce dernier en 1973 Harryhausen engagea divers assistants dont un taxidermiste qui aidait à la création des bibittes ayant de la fourrure mais la plupart du temps Harryhausen travaillait seul. A ce sujet, il dit:

"C'est une profession solitaire, à tout le moins quand je travaillais sur mes films, mais la solitude souvent accompagnée de frustrations et qui me donnait du mal, était largement compensée par la joie qui m'habitait de voir mes créatures bouger avec la même réalité que les humains. La fait d'insuffler de la vie dans une de mes créations et en même temps leur donner à chacun une personnalité propre rend mon travail d'animateur unique et excitant."




Harryhausen ne se contentait pas de seulement animer les différentes créatures, il les concevait sur papier ainsi que les séquences d'actions dans lesquelles elles apparaissaient. Après quoi il les fabriquait lui-même avec différents matériaux.









Harryhausen conçut les effets spéciaux de Gulliver’s Travels (1960), de Mysterious Island (1961) et de ce que Harryhausen considère comme son meilleur film, Jason and the Argonauts (1963). Mais la révolution culturelle des années 60 se prêta plutôt mal aux films de fantaisie se déroulant dans des temps anciens et les studios travaillaient fort pour dénicher de nouveaux publics tant et si bien que Columbia ne renouvela pas le contrat de Harryhausen.

En 1967 il fut engagé par Hammer Film Productions afin d'animer les dinosaures du film One Million Years B.C., un film très apprécié pour les courbes de Raquel Welch (qui n'était pas animée par Harryhausen) et de son bikini en fourrure.

Yowzer!

En 1969 Harryhausen conçut de nouveaux d'autres dinosaures pour les besoins du film The Valley of Gwangi, un film que Harryhausen avait voulu faire depuis des années et dont le story-board avait été créé par son mentor Willis O'Brien. Le film ne remporta malheureusement pas un énorme succès au box-office. C’est un peu dommage parce que techniquement, pour le temps, c’était très fort.
 

Au début des années 70 Harryhausen parvint à convaincre Columbia Pictures de ressusciter la franchise de Sinbad le marin, ce qui mena à la production du film The Golden Voyage of Sinbad en 1973, mettant en vedette John Phillip Law et Caroline Munro. Le film connut assez de succès pour qu'un autre film, Sinbad and the Eye of the Tiger, soit produit et mettant en vedette Patrick Wayne et Jayne Seymour. Bien que la photographie principale fut terminée en 1975 Harryhausen mit deux ans à compléter le travail d'animation des différentes créatures dont le fascinant troglodyte. Le film parut en 1977 et connut lui aussi beaucoup de succès.


La séquence de danse avec Khali est toujours aussi impressionnante.

Le dernier film de Harryhausen fut Clash of the Titans en 1981. Si le film se classa en onzième position des films les plus populaires de cette année-là mais la technique de Harryhausen commençait à paraître vieillotte. La technique d'image par image continua toutefois d'être utilisée, notamment par Phil Tippett, lequel décida carrément de faire carrière dans l'animation après avoir vu le travail de Harryhausen.

Apprendre son décès m’a fait l’effet d’un coup de poing parce qu’outre Ray lui-même c’est aussi tout un pan de mon enfance qui en prend un coup. Qu’est-ce que je pouvais être excité lorsque mon père m’amenait au cinéma Versailles pour voir le nouveau film de Sinbad. Pas d’appareil vidéo dans le temps alors la seule façon de voir les créatures de Ray était d’aller en salles. Et justement, assis dans une de ces salles, popcorn à la main, il suffisait que je vois le nom de Ray Harryhausen au générique du début pour mon cœur batte la chamade juste à penser aux bibittes que j’allais voir. Sur grand écran ça faisait son effet. 


Merci Ray!


Saviez-vous ça vous autres? La séquence d'la bataille entre Jason pis les squelettes a pris quatre mois à faire. Pis une autre affaire, quand Pluche a écrit son article, excellent en passant, clap clap clap, on lui a demandé d'inclure une photo de Raquel Welch, parce que Raquel Welch. Mais y'a pas voulu parce c'était un article sur Ray Harryhauryryhauss... entéka. Faque on lui a dit, ok, s'correct. Pis là on a attendu pis on est venu faire les «modifications» nécéssaires. Tadaaam!

lundi 6 mai 2013

Les vins Brights en 1953

La pub ci-dessus date de 1953 et je dois avouer tout de go qu'elle m'en a fait baver côté numérisation à cause de cette fichue trame, et qu'en plus c'est du papier glacé qui a subi un peu les affres du temps . Aucun essai n'était concluant et j'avais beau renumériser avec différents réglages il n'y avait foutrement rien à faire. J'avoue d'emblée avoir songé ne pas persister et écrire sur cette pub que je trouve d'un morne sans fond. Avoir été le cravaté responsable de la publicité chez Bright je n'aurais jamais accepté une telle... comment dire, chose. M'enfin. Ce n'est qu'avec de la patience, de «magie» numérique et d'une certaine dose de café que je suis parvenu à la rendre acceptable.

Ceci dit.

La compagnie T.G. Bright fut fondée en 1874 par Thomas G. Bright et Francis A. Shirriff sous le nom de Niagara Falls Wine Company et bien qu'initialement établie à Toronto elle déménagea peu de temps après dans la région de Niagara, bien connue pour ses chutes spectaculaires. Pourquoi dans ce coin là plus qu'un autre? Parce qu'il y poussait des raisins. C'est en En 1911 que Thomas G. Bright se porta acquéra de toutes les parts de la compagnie détenues par Shirriff et la compagnie changea alors de nom pour T.G. Bright & Co., Limited.

Toutefois, lorsque Harry C. Hatch acheta la compagnie à la famille Bright en 1933 il n'y avait que quatre ou cinq marques toutes produites à partir de raisins labrusca (aussi connu sous le nom de raisin de renard) qui ne pouvait produire des vins pouvant se comparer aux vins d'Europe qui eux étaient produits avec des raisins vinifera lesquels sont à l'origine de très nombreux cépages comme le cabernet, le merlot, le pinot et le sauvignon.  Cependant ils considérèrent que les 25,000 acres à Niagara pourraient très bien se prêter à la culture de ce raisin-là. Il n'est cepandant pas clair à partir de quelle date ils ont en effet commençé à produire des vins à partir de raisins vinifera. Et si cela a vraiment fonctionné. La compagnie Bright's Wines est devenue par la suite Vincor qui a ensuite été avalé par Constellation Brands. 

Saviez-vous ça vous autres? Si on est capable de faire du vin c'est à cause d'une variété de levure obsédée sexuellement et qui zigone tout ce dont elle entre en contact durant le processus de fermentation.


vendredi 3 mai 2013

Frontier Town



Je devais avoir quoi, six ou sept ans quand nous sommes allés faire un tour à Frontier Town aux États-Unis. Vous connaissez? Si vous avez plus de quarante ans y’a des chances. Frontier Town c'était un parc thématique sur le far-west et quel ti-cul de ce temps-là ne trippait pas sur ces fameuses histoires de cow-boys et d'Indiens qu'on voyait souvent dans les émissions télé comme Bonanza, le Ranch L et les films avec Clint Eastwood. D’ailleurs mes amis et moi avions tous notre panoplie du parfait petit cowboy; la ceinture, le revolver qui faisait péter des pétards qu’on achetait en rouleaux ou en rondelles rouge et dans certains cas, le chapeau.

Le seul bémol c’est que Frontier Town était aux États mais heureusement pas si loin puisque ça se trouvait à North Hudson dans l’état de New York. Y’avait tout de même un bout à faire en route à faire. Après avoir traversé le pont Jacques-Cartier puis roulé sur la 15 jusqu’à la frontière située à St-Bernard-de-Lacolle, fallait ensuite se taper la 87, la fameuse «Adirondack Highway». C’était les années 70, je vous le rappelle, donc pas de iCochonnerie, pas de lecteur Blu-Ray avec écran Imax incorporé ni soixante-douze consoles de jeu pour passer le temps durant le trajet. Même pas d’air climatisé. C’était comme ça. Pour m’occuper je pouvais compter sur une bonne réserve de Pif Gadget. Pour le reste je pouvais m’amuser à compter le nombre de voitures de telle ou telle couleur croisées en cinq minutes. Si, parce que simplement regarder dehors était un peu plate. La 87 n’avait pas grand-chose à offrir comme variété de paysage. Une autre activité favorite, et parce que j’étais en culottes courtes, était de me décoller de temps en temps le derrière des cuisses du siège en vinyle noir chauffé par le soleil. Couic! Vous vous souvenez de ça j’espère? En chemin, y’avait aussi la proverbiale pause-pipi et l'autre, obligatoire, au stand à patates frites où lesdites patates frites étaient passablement foncées avec des bouts noirs et dont la graisse rendait le sac brun tout à fait transparent en moins de dix minutes. Fallait pas oublier la paille pour la liqueur parce que boire au bec en route était risqué. Il suffisait de passer sur une bosse au mauvais moment et on s'envoyait l'goulôt dans les palettes. Bing!

Ensuite on se laissait aller, traversant Plattsburgh et Keeseville puis jusqu’à la sortie 29, qu’il fallait pas manquer, évidemment. On tournait ensuite à droite sur Blue Ridge road jusqu’à la route 9. Rendu là, Frontier Town n’était même pas à une minute. La joie, lorsque l’on entrait dans le grand stationnement, je vous dis pas. En sortant de la voiture on pouvait apercevoir d’autres familles qui arrivaient en même temps. Il se trouvait pas mal de gamins de mon âge. On ne se connaissait pas mais on se regardait avec de grands sourires, sachant que l’on était ben chanceux d’être là. 

Lorsque je voyais ce grand panneau dans le stationnement c'est à peine si je pouvais tenir en place, surtout après toute la longue route.

Le spectacle de rodéo était très apprécié. Remarquez les drapeaux canadiens et québécois.

Voici les diligences qui arrivent!

Ici nous sommes au Pioneer Village. À gauche on voit l'église, à gauche la place centrale avec son étang et aussi son pilori où l'on plaçait les condamnés. Plus loin au centre c'est le Carrousel Park et plus en retrait à gauche on voit Prairie Junction où se trouvaient des commerces et le fameux saloon.

Une autre belle vue de Pioneer Village.

Voici la cavalerie qui quitte Prairie Junction pour s'en retourner au fort Custer.

Une meilleure vue d'ensemble avec le rodéo à l'avant-plan, Prairie Junction et Pioneer Village. La butte à droite était là où se trouvait le fort Custer.

Le parc avait été foutrement bien pensé. Il y avait là tout ce qu'il fallait pour nous faire tripper ben raide. Si un enfant s'y ennuyait il ne méritait rien d’autre que d’être envoyé dans un camp d'algèbre avec du gruau nature et juste des prunes séchées comme lunch.

On pouvait entre autres faire un tour de diligence et on avertissait du danger que posaient les Daltons mais on nous rassurait. Pas de danger quant à une attaque. Pour s'en convaincre, fallait regarder à notre gauche où se trouvaient maladroitement enterrés les corps de vilains malfaiteurs qui avaient voulu un jour faire main basse sur la diligence et dont on ne voyait que les bottes sortant de terre. Ha ha, binbon pour eux!!

Et puis il y avait aussi le fort de la Cavalerie où se trouvait un poste de recrutement. Était-ce le 20è, comme dans Lucky Luke? Aucune idée. Je me souviens par contre avoir été drafté sans trop comprendre ce qui se passait ni de quoi il en retournait. On se tenait au milieu du fort pendant qu’un soldat trompetait la chanson traditionnelle et qu’un officier nous passait en revue. Étant donné que je ne comprenais pas l’anglais alors j’ai fait comme les autres. J’ai dû bien faire puisque j’ai reçu mon certificat. Que je n’ai plus, malheureusement.

On donnait également des spectacles de rodéo mais je n’ai pas le souvenir d’en avoir vu parce qu’ils se donnaient à des heures précises et qu’il fallait être là pour les voir. Je préférais la rue où il y avait ces petites boutiques où des bandits venaient de faire main basse sur le coffre-fort de la banque. Chic! Heureusement le shérif était là et tout est rentré dans l'ordre. Ça faisait toujours un pincement au cœur de s’en aller mais nous n’avions pas le choix. Et puis fallait penser à toute cette route pour revenir à la maison. Avant de partir toutefois fallait tout de même faire un arrêt à la boutique de souvenirs. On trouvait là tout ce qu’un cow-boy en herbe pouvait rêver d’avoir.

Frontier Town c’était le rêve de Art Bensen, son fondateur, qui l’a ouvert en 1952. Il a vendu en 1983 à de nouveaux propriétaires et, pour une raison inconnue, l’on fait fermer en 1985. Le parc a été racheté en 1989 par Panther Mountain Water Park. Frontier Town a continué d’opérer et a ouvert pour la dernière fois à l’été de 1998 après quoi il n’a plus jamais rouvert. En 2004 le comté d’Essex a saisi Frontier Town parce que la compagnie qui l’avait acheté ne payait pas ses taxes et en 2004 l’essentiel de ce qui composait le parc thématique a été vendu aux enchères. Le site existe encore et il se trouve encore une poignée de bâtiments un peu partout mais qui sont, on l’aura deviné, tout délabrés puisque tout a été abandonné.

Les ruines de Pioneer Village.

Voici ce qui reste de Prairie Junction. Au fond on voit ce qui était le Caroussel Park où il y avait des jeux pour enfants.

Le piano du saloon. 

La scierie, laquelle se trouvait pas trop loin de la forge.

Je crois qu'il s'agit ici d'une autre partie Pioneer Village.

Si je me souviens bien ce bâtiment était la forge. Enfin, ce qu'il en reste. 

Prairie Junction.

Une autre vue de Prairie Junction. On voit que la structure des bâtiments est devenue instable.

 Prairie Junction, vu d'un autre côté. Le quai d'embarquement pour la ballade en train se trouvait à quelques pas de cet endroit. Western Outfitter était aussi un endroit où l'on pouvait se procurer quelques trucs western, comme un chapeau de cow-boy, ou un foulard. 

Sur cette vue du haut des airs on voit l'entrée ainsi que le stationnement. Le parc se trouvait tout juste à gauche. 

Une bonne partie des installations a disparu et le reste est lentement avalé par la nature. On peut reconnaître quelques éléments dont le tracé du petit chemin de fer ainsi que le rodéo.

 La bâtiment d'accueil était la première chose que l'on reconnaissait lorsque l'on arrivait [enfin] sur les lieux.

Nous sommes allés deux ou trois fois à Frontier Town, en '74 et '75 je crois et je n'avais jamais eu assez de mes deux yeux et de mes deux oreilles pour tout voir et tout entendre. Il me reste toutefois deux souvenirs de ces visites; mon étoile de shérif et le fanion.



Saviez-vous ça vous autres? Y'a une croyance populaire un peu niaiseuse qui veut que le farwest c'était violent sans bon sens avec du sang partout. Ça faut remercier tous les westerns insipides genre spaghetti meat-ball avec ben d'la sauce genre Sergio Leone. La réalité? On comptait en moyenne 1.5 meurtres par année dans chaque ville du farwest américain. La bataille de OK Corral? Trois morts. Pas de farces, vous avez plus de chances de vous faire tuer par une vache en 2013 qu'à Tombstone en 1881. Ouais, par que statististititiquement parlant les vaches tuent 22 personnes par année.