lundi 22 décembre 2014

Le whisky Coronation en 1954


J’aime bien cette publicité, qui, malgré sa composition classique qui s’agence bien avec les standards de l’époque, nous donne l’occasion d’apprécier le talent des graphistes d’autrefois. C’était le temps où ils devaient être non seulement capables d’agencer les différents éléments mais aussi de réaliser des illustrations telles que l’on voit ici. Ça pouvait parfois être des gens, des produits ou encore les deux.

Chaque publicité, comme on le sait, vise un but précis, lequel peut évidemment varier. Est-ce que l’on veut simplement attirer l’attention? Provoquer une action immédiate de la part du consommateur? Regagner des clients perdus? Faire reconnaître une marque? Les possibilités sont nombreuses. Alors qu’est-ce qui en est de la publicité d’aujourd’hui qui est parue en décembre 1954?

Tout d’abord, la compagnie elle-même : Gooderham & Worts, nommée, on le devine, après ses fondateurs, en l’occurrence ici William Gooderham et James Worts qui sont aussi des beaux-frères. Ces deux immigrants britanniques sont arrivés dans la région de Toronto en 1832 et ont entreprit de construire un moulin à vent quelque part dans la baie de Toronto. Worts n’est pas un timoré puisqu’il possède quelque chose comme vingt ans d’expérience comme meunier et Gooderham est un homme d’affaires avisé qui amène une large part de capital. Worts est décédé en 1834 et Gooderham a continué seul. En 1837 il a ajouté une distillerie au moulin et c’est là qu’ont été jetées les fondations de la compagnie. En 1845 c’est le neveu de Gooderham, James Gooderham Worts qui s’amène et qui devient partenaire dans la firme et en 1856 c’est le fils de William Gooderham qui arrive aussi en tant que partenaire. En 1861 les affaires vont bien. Très bien, même. La compagnie possède un bâtiment de cinq étages et la production a grimpé de 80,000 à 1 million de gallons par an.

La compagnie a été vendue en 1923 à Harry C. Hatch qui a par la suite acheté Hiram Walker & sons en 1927 et toute la patente est alors devenue Hiram Walker-Gooderham & Worts Ltd. C’est une bonne période parce que c’est à peu près dans ce temps-là que cesse la prohibition en Ontario et la compagnie continue de faire de bonnes affaires puisqu’elle profite de l’autre prohibition, américaine celle-là, et qui perdure jusqu’à la fin de 1933.

Quant au produit, en l’occurrence ici le whisky Coronation Bonded, il fait partie des fins alcools produits par la compagnie. Certains pourraient se demander ce que l’appellation «Bonded» veut dire alors voici; pour qu’un whisky puisse porter cette mention il faut qu’il ait été produit en une seule saison par une seule distillerie et avoir «âgé» au moins quatre ans dans un entrepôt supervisé par le gouvernement. Les distilleries utilisaient cette méthode afin de ne pas avoir à payer la taxe d’accise jusqu’à ce que le whisky soit prêt pour la distribution sur le marché. Les consommateurs croyaient (à tort) que le terme «Bonded» était une déclaration de qualité.

Par contre en 1954, Gooderham & Sons, seul nom à apparaître sur l’étiquette, n’en a plus que pour trois ans à produire du whisky puisque que la compagnie va entièrement en cesser la fabrication en 1957 pour se concentrer essentiellement sur le rhum et les alcools industriels. Mais bon, nous sommes toujours en 1954 et le produit se vend très bien. Donc, pas besoin de peser sur la pédale à gaz pour le vanter puisqu’il a déjà sa réputation, laquelle est d’ailleurs excellente. Ce qu’on tient à souligner, c’est justement ça, l’excellence du produit ainsi que le fait qu’à Noël on se s’offre que le meilleur. Dans la conception de la pub on encadre le message avec une illustration qui met en scène des gens élégamment vêtus, visiblement raffinés et visiblement heureux de s’offrir entre eux le produit en question dont le personnage de droite qui ressemble à s’y méprendre à Clark Gable.

Par contre, et c’est là un élément intéressant, cette illustration est néanmoins générique puisqu’elle ne met pas en évidence le produit; poignée de main et cadeaux soigneusement enveloppés. On pourrait facilement remplacer la partie du bas par un autre produit.

Comme je le mentionnais plus haut, cette publicité est parue en décembre 1954 alors qu’est-ce qui fait jaser à ce moment-là dans les chaumières? Tout d’abord faut mentionner qu’à cette époque le Québec est encore très catholique, ce qui inclut les interminables messes en latin et tout le reste alors pas étonnant que la santé du pape Pie-XII, qui connaît des hoquets, inquiète les fidèles. Malgré tout il va s’en remettre.

Les gens de Montréal s’habituent, depuis octobre, à une toute nouvelle administration municipale alors dirigée par l’ancien avocat Jean Drapeau, lequel en est à son premier mandat à la mairie. Drapeau, à la tête de la Ligue d’action civique, a été élu par une majorité de quelques 50,000 voix et il a de ce fait battu son opposant, Sarto Fournier. Pour ce dernier, ce n’est que partie remise et compte bien reprendre les rênes de l’hôtel de ville en 1957. Et justement, c’est à cet endroit que le conseiller Émile Pigeon mijote un plan afin de faire passer la rue Berri sous la rue Sherbrooke avec un viaduc. Toujours au municipal, le ministre Paul Dozois se relève les manches et commence à préparer le plan qui portera son nom et dont le but est l’élimination des taudis dans la ville.

Dans un autre ordre d’idée, les gens qui ont les moyens de se permettre l’achat d’un téléviseur peuvent suivre, depuis peu, le téléroman Le Survenant, à Radio-Canada et mettant en vedette Jean Coutu dans le rôle-titre. Pour ceux qui préfèrent le cinéma il y a une nouveauté tout à fait extraordinaire qui arrive en ville : le Cinérama où les films sont projetés par une caméra spéciale à trois lentilles sur un grand écran concave. L’inauguration est prévue pour la fin du mois.
Dans Pointe St-Charles on parle beaucoup de cette explosion qui est survenue à l’usine de produits de plomberie Cuthbert où un fourneau à métal défectueux a explosé, causant la mort d’un homme et en blessant d’autres. Dans les nombreuses tavernes les hommes se désolent du fait que les Alouettes, parvenus en finale de la coupe Grey, ont été battus par les Eskimos d’Edmonton.



Le saviez-vous? Il n’y a qu’une seule loi au Canada pour la production de whisky canadien: Il doit être fermenté, distillé et vieilli au Canada. C’est tout. Et tout comme le bourbon, le whisky canadien est généralement fabriqué à partir de plusieurs grains différents. Cependant, contrairement bourbon, au Canada chaque grain est généralement fermenté, distillé et vieilli séparément. Ils ne sont combinés qu’à la toute fin, ce qui signifie la quantité de whisky de seigle ajouté à chaque mélange varie considérablement.

dimanche 14 décembre 2014

Star Bird

En 1977, avec le succès de Star Wars, la science-fiction est soudainement redevenue à la mode. Et, pour toute compagnie qui savait tirer son épingle du jeu, y’avait des profits mirobolants à faire. Bref, tout le monde voulait un morceau de cette mine d’or qu’était Star Wars, même les compagnies qui n’avaient pas de licence. Nombreux sont les jouets aux concepts nébuleux et pas trop bien conçus qui ont fait patate. 

Y’a tout de même une exception. En 1979, alors que les premiers jouets dérivés de Star Wars arrivaient sur les tablettes, est également apparu quelque chose qui semblait sorti tout droit du film de Lucas mais qui en réalité n’avait rien à voir. Il s’agissait d’un vaisseau spatial nommé Star Bird et fabriqué par la compagnie de jeux bien connue Milton-Bradley.


Star Bird a carrément pris tout le monde par surprise, y compris Kenner. Milton-Bradley aurait pu se contenter de concevoir un truc à moitié cuit, mal torché dans sa conception et construit de façon douteuse avec des matériaux qui le sont tout autant mais on a fait tout le contraire. Ce vaisseau-là mes amis c’était ce qu’on appelle an angliche «state of the art» et donnait un coup de pied dans les couilles des trucs que faisait Kenner avec Star Wars.


D’abord les concepteurs de chez Milton-Bradley ont pondu un vaisseau d’un design très agréable à l’œil. Un autre aspect intéressant est que le Star Bird est plusieurs vaisseaux en un puisqu’il est modulaire avec des composantes qui peuvent se détacher et former d’autres vaisseaux. Le canon dorsal pouvait aussi faire office de «bouée de sauvetage». On a aussi bourré Star Bird d’électronique. Tenez le vaisseau en position de décollage à 45 degrés et il émet des sons en conséquence, effet Doppler inclut. Tenez-le en position de descente et les sons s’ajustent. À l’avant se trouvaient les canons «photon» et en pressant un bouton ils s’allumaient en produisant des bruits. Et si le Star Bird se trouvait à proximité d’un autre Star Bird les deux pouvaient interagir ensemble. En se tirant dessus à coups de «photons» des récepteurs permettaient de savoir si on avait du vizou ou non et le Star Bird qui était touché émettait des sons de détresse et de moteurs qui s’éteignent. Et si on voulait se pratiquer, Star Bird était livré avec une cible réfléchissante que l’on pouvait facilement assembler ou désassembler. Encore une fois Star Bird émettait des sons particuliers si l’on parvenait à atteindre la cible. Faut avouer que pour un jouet de l’époque disco, Star Bird était tout de même impressionnant.

Je me souviens avoir aperçu Star Bird dans le catalogue de Noël de Distribution aux Consommateurs mais il ne fait pas partie des jouets que j’ai eus. Celui qui s’est récemment ajouté à ma collection a été déniché dans une brocante pour la poignée de change que j’avais en poche. Il est en très bonne condition, ses autocollants sont encore bien en place et il possède pratiquement toutes ses pièces à l’exception d’une seule, très mineure. Ses composantes électroniques sont parfaitement fonctionnelles et il n’a en outre nécessité qu’un petit nettoyage en règle.








Le saviez-vous? À la fin des années 70 plusieurs compagnies de jouets se sont retrouvées sous un feu nourri de poursuites judiciaires alors que tout le monde et son chien cherchait à copier les jouets de Star Wars. Chez Milton-Bradley on ne voulait rien savoir de ça et pour s’éviter tout un paquet de troubles inutiles on a opté pour changer ultérieurement le nom de Star Bird Avenger en celui de Space Avenger.  

mercredi 10 décembre 2014

La rue St-Hubert en 1963


Nous voici sur la rue St-Hubert, un peu au nord de Bellechasse par une belle soirée d’été, comme en témoigne le beau coucher de soleil. L’année : 1963. Sur la photo la fameuse rue nous apparait certainement plus large qu’elle ne l’est aujourd’hui et pourtant il n’en est rien. C'est que les trottoirs sont moins larges et l’absence de la marquise, installée en 1984 et qui fait tant jaser encore aujourd’hui, ajoute à l’impression de largeur.

À l’instar des rues Ste-Catherine et St-Denis, la rue St-Hubert est magnifiquement longée de belles enseignes lumineuses et connait elle aussi des heures de gloire ainsi qu’un nightlife qui n’envie rien aux autres. Mais les enseignes lumineuses ne sont pas là seulement pour offrir une décoration lumineuse, chacune d’entre elles, un peu comme chaque arbre d’une forêt, cherche à avoir sa place au soleil. Sur la rue St-Hubert, dont la densité commerciale s’étire du boulevard Rosemont jusqu’à Jean-Talon, on retrouve une très grande variété de commerces et boutiques qui offrent de tout pour tous. Voyons un peu ceux que l’on aperçoit sur la photo.

Immédiatement à droite on peut voir un bout de Lavigne Window Shades où l’on peut se procurer toute une variété de stores de tous genres. Tout juste après, et visiblement fermé pour la journée, se trouve le magasin de fourrures d’Herman Berger. Également fermé, un tout petit bureau de poste suit, ainsi que la bijouterie St-Louis. La grande enseigne aux lettres rouges verticales c’est la boutique de vêtements pour hommes Sobel. Pour vos besoins en décoration il y a, tout juste après, le Centre Décor Glidden qui vous offre tout un éventail de peintures où les coloris des années 50, comme le turquoise, le jaune et le rose sont encore très en vogue. Puis, c’est Uniprix qui, en 1963, n’est pas une chaîne de pharmacies mais bien un magasin de vêtements pour habiller la marmaille. L’édifice à bureaux que l’on voit ensuite est occupé par divers locataires dont les Services financiers Lombark, Barkon Insurance Services, La Prévoyance ainsi que des compagnies de location et développement immobiliers tels North End Development, Belmont Land Corporation, Maple Grove Island et Domaines Fontaines Bleues. Puis, parfaitement invisibles se trouve la boutique de chaussures Midtown puis celle de tissus Millers.

Le grand coq tenant une canne et qui nous lève son chapeau c’est bien entendu St-Hubert BBQ, sis au 6359 et dont le local est toujours occupé par un St-Hubert. Le restaurant, inauguré en 1951 par René et Hélène Léger et nommé d’après la rue, connait une grande popularité. Le coq stylisé est l’œuvre de Jack Dunham, un vétéran des studios Disney et Walter Lanz. Dunham s’est installé à Montréal en 1955 où il a travaillé pour Associated Screen News of Canada et a plus tard produit des réclames publicitaires tant animées qu’avec des acteurs. Le service de livraison gratuit à domicile quant à lui a démarré dès 1952 et tous chantonnent le fameux slogan «Pout pout pout que désirez-vous?» lorsque celui-ci est entendu à la radio ou vu à la télé.


Puis, plus loin, de part et d’autre, se perdent d’autres commerces comme Danny’s Shoppe, les restaurants Wahmee, Montvani et aussi Sapri où l’on peut s’arrêter pour une pizza. Il y a aussi l’animalerie Aquarium du Nord, qui, avec St-Hubert est l’un des rares commerces à toujours avoir pignon sur rue. Y’a Jumbo Steak House aussi, type de restaurant qui était très populaire à l’époque. Ne faut pas également oublier le fameux cinéma Plaza dont l’édifice existe encore et, plus loin au fond, tout en vert, l’immense enseigne de Chalifour & Frères, marchands de machines à coudre. Et comme on peut le voir, on peut continuer comme ça longtemps. Ah, et tout juste après St-Zotique on trouve un autre survivant, soit le Roi du Smoke-Meat, établi au début des années 60, soit au temps de la photo, par Abe Kligman. De quoi a l’air le secteur de la photo du haut aujourd’hui? Hum.



Comme on peut le constater les choses ont bien changé. La marquise, construite en 1984 au coût de quelques vingt millions de dollars semble avoir mal vieillie et elle fait office de patate chaude quant au coût de son entretien puisque les frais, assez élevés, sont partagés entre les différents commerçants. Il ne semble pas y avoir un consensus clair à ce sujet. Cette marquise, faut-il le mentionner, avait été installée afin de permettre aux gens de pouvoir magasiner tout le long de la rue peu importe la température. Mais si elle est considérée comme pratique par certains, d’autres la considèrent carrément hideuse, surtout en ce qui concerne les installations au-dessus de certains des commerces, souvent critiqués pour leur propension à ramasser, entre autres choses, des déjections de pigeons. Il se trouve aussi des façades en piètre état, laissant entrevoir des traces d'anciens commerces qui se sont succédés et si de de nombreuses bâtisses d'époque sont toujours là certaines ont été rénovées en prenant très peu compte de ce qu'il y avait autour. D'autres édifices sont passés sous le pic des démolisseurs et ont été remplacés par des bâtiments de facture moderne qui s'agencent parfois plus ou moins bien et qui ont transformé la servitude architecturale en une sorte de courtepointe. Chose certaine, malgré le verdissement, les zones piétonnières plus larges et mobilier urbain, des efforts louables certes, la rue St-Hubert ne possède malheureusement plus ce qui faisait son charme d’antan comme en témoigne la photographie de 1963 et celle d’aujourd'hui. Mais c’est un sort qui n’est pas seulement propre à la rue St-Hubert puisque d'autres rues, telles Ontario, Ste-Catherine (tel qu'on a pu le voir dans les deux articles précédents) et autres ont toutes subi le même sort.


Et que se passe-t-il en 1963 pour retenir notre attention? Ce qui fait évidemment le plus jaser est évidemment l'Exposition Universelle qui doit se tenir à Montréal en 1967. En janvier, durant le discours du Trône, la Compagnie Canadienne de l'Exposition Universelle est officiellement créée. Elle sera d'abord pilotée par Paul Bienvenu, Cecil Carlsley et Claude Robillard, agissant respectivement à titre de commissaire général, sous-commissaire général et directeur général. On a longtemps tergiversé, trop longtemps aux dires de certains, sur le choix final de l'emplacement de ce que l'on en viendra à connaître plus tard comme Expo 67. Le maire Drapeau avait d’ores et déjà rejeté la proposition du domaine Béique tout comme celle du Mont Royal et il était alors partisan du site de Pointe St-Charles. Pour Paul Bienvenu il était impensable de tenir l’exposition universelle ailleurs que sur l’île de Montréal.

La question est réglée en mars alors que l'on annonce que l’événement se tiendra finalement au milieu du fleuve. Une partie de l'exposition se retrouvera sur une île Ste-Hélène agrandie et sur une autre île, à côté, que l'on créera de toute pièce; l'île Notre-Dame. Si le maire prétend que l’idée lui est venue durant une visite sur le fleuve avec le patron du Port de Montréal, Guy Beaudet, elle origine cependant d’un bureau d’architectes de St-Bruno, Bédard, Charbonneau, Langlois qui en a proposé un plan détaillé dès 1962. Malheureusement l’Histoire aura oublié la contribution de la firme d’architectes, ce qui est bien malheureux. C’est un sujet dont j’aurai l’occasion d’aborder de façon plus approfondie dans un article à venir.



Le début des travaux de l’exposition universelle s’ajoutent à ceux déjà entamés du métro, lesquels ont débuté  en mai 1962. Si tout se passe bien le métro devrait être inauguré à l’automne 1966, soit bien avant l’ouverture officielle d’Expo 67 qui est prévue pour le 28 avril 1967. Malgré les mauvaises langues qui prétendent que l’exposition universelle n’attirera pas de monde ou qu’elle ne sera pas terminée à temps, la nouvelle équipe de direction nommée au printemps 1963, Pierre Dupuy, Robert Shaw et Andrew G. Kniewaser relèvent leurs manches. En prévision de l'affluence de l'Expo initialement estimée entre 10 et 15 millions de visiteurs, on aménage des nouvelles voies d'accès rapides dont l'autoroute Décarie et l'autoroute Bonaventure. L’aménagement de cette dernière toutefois cause bien des inquiétudes aux résidents de Griffintown puisque la voie rapide éventre le vieux quartier. Par ailleurs, au centre-ville, on achève la construction de la Place des Arts qui devrait être inaugurée à l'automne, possiblement en septembre. Avec ce complexe artistique, signé des architectes Affleck, Desbarats, Dimakopoulos, Lebensold, Michaud et Sise, Montréal se dote d'une première véritable salle de spectacle d'envergure.

Dans les jukebox des salles de danse et ceux, plus petits, des nombreux restaurants, on fait tourner Loop de loop de Donald Lautrec, Je suis libre de Michèle Richard, L'école est finie de Sheila et Sous une pluie d'étoiles de Claude Valade. On assiste aussi à un nouveau phénomène musical : la Beatlemania et on commence à s'arracher leur premier album : Please Please Me. Plusieurs seront étonnés de voir que les Beatles ont endisqué chez Parlophone, une compagnie plutôt connue pour des disques d'humoristes. Côté cinéma les amateurs de films d’envergure sont bien servis avec, entre autres, Cléopâtre avec le couple Elizabeth Taylor - Richard Burton et de l’autre Jason et les Argonautes. 


Le saviez-vous? La rue a été nommée non pas après St-Hubert le patron chrétien de la chasse et de la nature mais bien après Hubert-Joseph Lacroix, décédé en 1821 et qui, sans toutefois n'avoir jamais été canonisé, a tout de même légué sa terre, proche du centre-ville, pour l'ouverture de la rue en 1826 qui s'étendait alors de Craig jusqu'à la rue Mignonne, devenue plus tard le boulevard de Maisonneuve. 

dimanche 7 décembre 2014

La rue Ste-Catherine en 1952


Dans l’article précédent il était question de la rue Ste-Catherine telle que vue dans le centre-ville en 1969. Aujourd’hui je vous propose encore une fois la rue Ste-Catherine, toujours dans le centre-ville mais cette fois en 1952 et ma foi, pas tout à fait loin de la photo de 1969. La différence étant qu’ici on se trouve entre les rues University et McGill College et on regarde vers l’ouest.


En 1929 le krach boursier plombe sérieusement les marchés financiers et, par conséquent, ceux de l’emploi et du commerce. Résultat : privations, chômage et récession. Pratiquement tout le monde y goûte. Les conséquences de la crise ne s’estompent pas du jour au lendemain, malheureusement et dès que l’on entrevoit un tant soit peu la lumière au bout du tunnel, arrive la Seconde guerre mondiale. Montréal connait alors une autre période de vaches maigres en raison de l’économie dite de guerre. Ce n’est pas que l’emploi manque, au contraire car quantité d’usines fabriquaient toutes sortes de choses destinées au conflit d’outre-mer; uniformes, parachutes, moteurs, véhicules, munitions et autres mais la majorité des biens de consommation sont rationnés et/ou réquisitionnés. Avec la fin de la guerre en 1945 l’économie de guerre transige lentement mais sûrement en une économie de paix. Le Montréal du début des années 50 est alors marqué par une vigueur économique sans précédent qui tire presque du conte de fées. Les grandes artères sont alors illuminées d’une véritable forêt d’enseignes lumineuse qui clignotent dans tous les sens. À cette époque le nightlife de Montréal est légendaire et il pratiquement possible, à toute heure du jour ou de la nuit, de prendre un repas quelque part et d’assister à quantité de spectacles variés. Il n’est pas rare non plus d’y croiser de grandes vedettes américaines et européennes du cinéma et de la chanson. Restaurants, salles de spectacles, cafés, cabarets et cinémas, tout le monde y trouve son compte. C'est aussi l'époque où la rue Ste-Catherine est à double-sens et toujours parcourue par des tramways et pour le secteur que l’on voit sur la photo c'est le circuit 33. La ville est alors sous l’administration du maire Camillien Houde alors que pour la province c’est Maurice Duplessis qui tient le volant. Les deux hommes se connaissent bien et s’ils ont des divergences d’opinion sur bien des choses ils partagent néanmoins plusieurs choses dont l’art de parler la langue du peuple. D’ailleurs en juillet 1948 Houde a publiquement apporté son soutien au parti de l’Union Nationale. Ceci étant dit, voyons un peu ce que l’on peut décortiquer de l’image d’aujourd’hui.

Tout d’abord, le lieu de la photo. Nous sommes ici ici sur le côté nord de la rue Ste-Catherine entre Université et l’avenue McGill College, et on regarde vers l’ouest. Ensuite, le moment où cette photo a été prise, début du mois d’août 1952. Très facile à déterminer grâce au film Lydia Bailey, mettant en vedette la jeune et jolie Anne Francis, et annoncé sur la marquise du cinéma Palace. À gauche complètement on aperçoit le café Astor, où, en plus de pouvoir assister à des spectacles variés, on peut prendre un verre, siroter un café et même danser. Tout juste à côté c’est le cinéma de Paris où l’on présente Toâ, un film tourné par Sasha Guitry en 1949 et adapté de son œuvre, Florence. S’ensuit le Palace, dont je vous ai parlé plus haut. Ce cinéma ne compte alors qu’une seule salle. On retrouve ensuite un petit magasin pour machines à coudre Singer. Ce dernier ne doit pas manquer de clientèle puisque la couture est très populaire chez la gente féminine. À côté c’est le magasin de chaussures Beck, suivi de Jean’s Nut Store où l’on ne vend pas des boulons mais bien des noix de toutes sortes; de macadamia, de Grenoble, du Brésil, de cajou, de muscade, de pécane ou tout simplement des amandes, des pistaches ou des arachides. Allergiques s’abstenir. S’affichant fièrement lui aussi avec sa grande enseigne verticale, le restaurant Cosy accueille avec un menu varié et vous sert également vins et bière. À côté, et parfaitement invisible, le magasin de chaussures Gold. Puis, surmonté d’une enseigne sobre mais élégante avec une canne et un chapeau haut-de-forme, il y a le café Top Hat qui est immédiatement suivi de Tiffany’s Men Shop, une boutique pour hommes. Envie d’un autre café? Passez donc au Honey Dew! Et puisqu’il s’agit d’une division de Canadian Food Products il se trouve d’autres ailleurs en ville. Imperceptible également, Belgium Stores et tout de suite après une succursale de la Banque Royale. Au coin de McGill College c’est la pharmacie Ward’s qui se trouve là. L’avenue McGill College nous sépare des commerces suivants et que l’on distingue un peu dont United Cigar Stores dont le toit est surmonté d’une immense affiche publicitaire lumineuse qui vante les mérites des électroménagers Westinghouse. On peut aussi voir l’enseigne du cinéma Capitol qui met alors à l’affiche le western australien Kangaroo avec Peter Lawford. Quant au Loews, lequel se trouve à la limite de ce que l’on peut distinguer sur la photo, on projette le film Lovely to Look at, une adaptation cinématographique du spectacle musical de Broadway, Roberta.


Et de quoi parle-t-on en ce début d’août 1952? Y’a certainement le conflit de travail au magasin Dupuis Frères. Le grand magasin de la rue Ste-Catherine a été secoué par une grève des employés qui désiraient une augmentation de salaire. Heureusement, à la fin juillet les employés ont accepté les nouvelles offres et leur salaire hebdomadaire est passé de $4 à $6. Au début d’août le conflit est terminé mais on en parle encore, surtout du maire Houde qui, durant la parade de la St-Jean-Baptiste, s’était fait poivrer d’œufs pourris parce qu’il avait critiqué la grève. Dans les tramways il s’en trouve plusieurs pour regarder de travers la comédienne Lucie Mitchell, laquelle avait tenu le rôle de la marâtre dans le film La Petite Aurore, l’enfant martyre. Certains vont même jusqu’à l’invectiver en la traitant de tous les noms car elle est identifiée comme étant la «méchante». Comédienne de talent, Lucie Mitchell a dit que ce rôle avait signifié la fin de sa carrière et n’a pu retrouver une certaine grâce aux yeux du public dans d’autres rôles. Dans un autre ordre d’idée il se trouve encore des gens qui se pointent au théâtre Gayety dans l’espoir d’y voir un des beaux spectacles de Lili St-Cyr mais la strip-teaseuse américaine, Mary Van Schaack de son vrai nom, est retournée poursuivre sa carrière aux États-Unis. 













Côté littérature la première version en anglais du journal d’Anne Frank, The Diary of a Young Girl, arrive sur les tablettes des librairies. D’autres versions, dont en français, sont aussi prévues dans un avenir rapproché. Le livre va devenir l’un des plus lus dans le monde. Aux États-Unis le transatlantique SS United States effectue sa première traversée. Aujourd’hui en 2014 le navire est toujours ancré à Philadelphie et son statut oscille entre la préservation et la mise à la ferraille.


Hydro-Québec annonce qu’elle va investir cent millions de dollars pour le développement de la rivière Bersimis. L’industrie minière s’inquiète un peu car le prix de l’or atteint alors son prix le plus bas depuis 18 ans, soit près de $33 l’once. Peut-être que les patrons des minières sont allés rejoindre les milliers de pèlerins massés à l’Oratoire St-Joseph pour la messe d’action de grâces, suivi d’un chemin de croix prêché par le chanoine Deffrains de la cathédrale de Rennes. Si vous ne pouvez-vous y rendre alors syntonisez CKAC, 73 au cadran, où la cérémonie sera entièrement diffusée en direct. Parlant de diffusion on attend aussi impatiemment l’inauguration officielle de Radio-Canada quoique les diffusions aient déjà commencé de façon non-officielle depuis le début d’août. Toutefois, le téléviseur, objet relativement nouveau dans le paysage, demeure un meuble dispendieux et pas à la portée de tous.

Quant à la photo d'en haut, qu'en est-il du même secteur aujourd'hui? Voyons un peu...


Comme on peut le voir, fini les belles enseignes lumineuses de l'époque. Les cinémas et commerces du temps aussi ont disparu, même ceux du coin que l'on croyait immuables, comme Simpsons et Eaton. Aucun d'eux n'a survécu de nos jours, c'est pour dire. On a tout de même conservé le nom Eaton pour nommer le centre commercial que l'on a aménagé en face.  





Le saviez-vous? L’une des premières émissions diffusées par Radio-Canada, en août 1952, est Pépinot et Capucine. Fabriquées de papier mâché par Edmondo Chiodini et Jeanne Auclair, les comédiennes Charolotte Boisjoli et Marie-Ève Liénard prêtent leurs voix aux deux marionnettes.

vendredi 28 novembre 2014

La rue Ste-Catherine en 1969

Tout de même étrange de considérer qu’il n’y a quand même pas si longtemps que ça la rue Ste-Catherine avait une toute autre allure. Évidemment c’est une observation qui est plus facile à réaliser pour ceux et celles qui ont connu ladite époque et qui était, faut l’avouer, bien différente. Certains vont même jusqu’à dire que l’artère d’autrefois et d’aujourd’hui sont pratiquement aux antipodes l’une de l’autre.

La photographie que l’on voit à l’entête de l’article, que l’on pouvait se procurer d’ailleurs en format carte postale un peu partout, nous montre un petit bout de ladite rue Ste-Catherine, du côté sud, tout près de l’intersection de la rue Mansfield. Il y a eu plusieurs spéculations sur la date où elle a été prise. Je vais donc vous épargner toute autre recherche : été 1969.

Comment?

Un détail tout simple. Vous allez voir.

En 1969 les magnifiques enseignes lumineuses que l’on peut voir, affichant une très belle diversité de styles et de couleurs, s’illuminaient le soir venu et rendaient les rues extraordinairement vivantes. Par contre elles n’en avaient plus pour longtemps puisque le maire Drapeau les détestait profondément. Au fil des années qui vont suivre elles vont toutes disparaître les unes après les autres, tant sur Ste-Catherine que sur d’autres rues, comme St-Denis et St-Hubert, entre autres. Allez, crac!


En attendant, voyons un peu ce qu’il y a sur cette photo. En partant de la gauche, donc de l’Est, et à la limite de ce que l’on peut distinguer, on peut voir clairement l’enseigne du cinéma Capitol où l’on présente le western Heaven With a Gun. Tout juste à côté il y a le restaurant Dunn’s Famous. Il comporte alors deux étages et au deuxième, avec un peu de chance, on peut déguster un sandwich à la viande fumée au son d’un pianiste qui joue sur un magnifique piano à queue. Essayez de trouver ça aujourd’hui pour voir. S’ensuit le Cinéma de Paris, malheureusement peu visible, et qui présente le film J’ai tué Raspoutine.


Puis c’est le bijoutier Opera Diamond après quoi c’est un autre restaurant, le Lanza Steak House. Il est suivi de Brault Watch Shop où l’on peut se procurer toute une variété de belles montres. C’est encore la période où des commerçants canadiens-français ont des commerces en anglais. Ah, voici ensuite le cinéma Pigalle où l’on projette ces deux «excellents» films qui, ultérieurement ont probablement reçu la plus haute cote dans le TV Hebdo; un 7 :


Peut-être cela en étonne-t-il plusieurs de voir qu’à cette époque, surtout celle de l’ère Drapeau, des films érotiques étaient présentés dans des cinémas ayant pignon sur une rue comme Ste-Catherine. Mais qu’on se le dise bien : 1969 était une période non seulement de révolution culturelle mais aussi sexuelle. C’est d’ailleurs c’est en mai de cette année-là que Denis Héroux a tourné le premier film érotique au Québec, Valérie, avec la sémillante Danielle Ouimet. Nous sommes loin de l’époque pourtant pas si lointaine où Alfred Hitchcock avait tourné I Confess à Québec sous la loupe constante de l’omniprésent clergé qui se réservait le droit divin d’autoriser ou non ce qui était filmé. Plus jamais je ne tournerai de film au Québec, avait-il dit, parfaitement dégoûté de cette censure cléricale. En ’69 par contre le pouvoir de l’Église s’amenuise comme peau de chagrin et déjà les églises se vident.

Passé la rue Mansfield se trouve une succursale de la Banque de Montréal avec sa belle façade en grès rouge d’Écosse mais qu’on voit très peu puisque le bâtiment est caché par le cinéma Loews où le film The Extraordinary Seaman avec David Niven est projeté. C’est le titre de ce film, visible sur la marquise qui m’a aiguillé sur la date de prise de la photo puisque le film n’a été projeté qu’au début du mois d’août. C’était le temps où les cinémas changeaient de films presqu’à toutes les semaines. En 1969 le Loews, dont l’intérieur a été magnifiquement décoré par Emmanuel Briffa, ne comporte toujours qu’une seule salle. L’ajout de salles supplémentaires se fera au cours des années à venir. Tout juste à côté du Loews on retrouve la célèbre mercerie A. Gold & Sons où ces messieurs peuvent se procurer habits et vêtements à la mode. Le restaurant Murray’s se trouve tout juste à côté et pour ceux qui n’ont peut-être pas si faim, le café Honey Dew vous accueille. Pour ces dames qui désirent une nouvelle coiffure alors c’est au salon de beauté Séville qu’elles doivent aller. Et ensuite, pourquoi pas un arrêt au lounge cocktail Vénus de Milo situé au deuxième étage? Et finalement, il y a le restaurant Ville-Marie qui en plus d’offrir un menu varié peut vous servir bières et vins. Voici le même secteur tel que vu aujourd'hui:


Comme on peut le voir, le changement est drastique. Plus aucun des commerces de l’époque n’a survécu sauf Dunn’s Famous mais il n’occupe plus son emplacement original. Quelques bâtiments l’on prit dans la tronche aussi, comme le Pigalle, gracieuseté des démolitions sauvages des années 70. Le Cinéma de Paris, tout comme le Loews dont l’entrée est aujourd’hui occupée par une boutique de souliers de sport. L’ancienne salle de projection est aujourd’hui un vaste club sportif, Le Mansfield, mais on pourra applaudir les promoteurs d’avoir conservé les fresques de Briffa. Certaines anciennes façades ont été également préservées mais de façon inégale, offrant ainsi une trame architecturale décousue qui n’a plus d’unité.

Et qu’est-ce qui retient l’attention durant cet été de 1969? Évidemment le passage en mai à l’hôtel Reine-Élizabeth de John Lennon et Yoko Ono pour leur bed-in pour la paix n’a pas manqué de faire jaser. La rue Ste-Catherine a aussi vu défiler, en mai, les joueurs du Canadien qui ont remporté la coupe Stanley face aux Blues de St-Louis qu’ils ont parfaitement tondu en quatre parties gagnées d’affilée. 


Le hockey est peut-être terminé mais les amateurs de sports montréalais se découvrent une passion pour leur nouvelle équipe de baseball : les Expos, lesquels disputent leurs parties au parc Jarry. Les nouveaux héros se nomment alors Mack Jones, Rusty Staub, Coco Laboy, Bill Stoneman ainsi qu’un québécois, Claude Raymond. 


Sur la scène politique il y a un congrès au leadership à l’Union Nationale et Jean-Jacques Bertrand, qui succédait à Daniel Johnson, est élu chef du parti. Bertrand a soutiré 58% des votes mais tout n’est pas rose puisque plusieurs membres du parti, d’allégeance nationaliste, quittent ou songent à quitter le parti. Au sud de la rue Ste-Catherine, sur le fleuve, y’a embouteillage de navires puisque les employés de la Voie maritime sont en grève. On espère un dénouement rapide. Dans les journaux on apprend que le pays est maintenant assujetti à la loi sur les langues officielles. On s’attend à ce que ladite loi entre officiellement en vigueur au début de septembre.

À la radio les succès québécois s’enfilent les uns après les autres. Éloïse de Donald Lautrec, Comme un garçon de Chantal Renaud, Le sable et la mer du duo Ginette Reno et Jacques Boulanger. On se souvient aussi du fameux Lindberg de Robert Charlebois et Louise Forestier. Renée Claude y va avec C’est notre fête aujourd’hui et Le tour de la terre, entre autres. Et que dire de ce classique des Milady’s qui a tourné presque sans arrêt :



Du côté de la chanson française, toujours très populaire ici, on peut entendre Vesoul de Jacques Brel, C’est extra de Léo Ferré, Le Métèque de Georges Moustaki, Ma France de Jean Ferrat, Que je t’aime de Johnny Halliday, Les Champs-Élysées de Joe Dassin, Petit Bonheur d’Adamo et également Je t’aime… moi non plus du couple formé par Jane Birkin et Serge Gainsbourg.

En langue anglaise on apprécie Get Back des Beatles, Honky Tonk Woman des Rolling Stones, Sugar, Sugar des Archies, Suspicious Minds d’Elvis Presley mais ce qui détonne plus que tout en musique durant l’été de 1969 est sans contredit le légendaire festival de Woodstock lequel se déroule sur le terrain d’une ferme laitière dans l’état de New York. Pendant trois jours ce sont près de 400,000 personnes qui vont s’y rendre pour assister, presque sans relâche, à des spectacles mettant en vedette Janis Joplin, Jimi Hendrix, les Rolling Stones, Creedence Clearwater Revival, The Grateful Dead et de nombreux autres. 


Par contre, au-delà l’aura «Peace & Love» et du «tout-le-monde-il-est-beau-tout-le-monde-il-est-gentil», Woodstock est en réalité un gros «cash grab» capitaliste de la part des organisateurs mais également de la plupart des artistes. D’ailleurs Joplin, The Grateful Dead, The Who et Hendrix (surtout lui) ont carrément refusé de se présenter et même de toucher à leurs instruments avant que l’argent ne soit bien étalé sur la table.

L’été de 1969 est aussi tristement marqué par l’assassinat de Sharon Tate, alors enceinte de huit mois, ainsi que quatre autres personnes par Charles Manson et sa «famille». Il sera subséquemment arrêté et condamné à mort mais la peine sera substituée pour une incarcération à vie. Au moment d'écrire ces lignes Manson est toujours vivant et vient de se marier.



Toujours au début du mois d’août Disneyland procède à l’ouverture officielle du Haunted Mansion en Californie alors qu’au même moment les Beatles se font photographier à traverser Abbey Road (à plusieurs reprises) pour la pochette de leur album. Mais l’évènement majeur pour 1969 demeure sans contredit le plus grand exploit scientifique du siècle :

 

 

 

Le 20 juillet, le module lunaire Eagle de la mission Apollo 11 se pose sur la surface lunaire, dans la Mer de la Tranquillité. À 22 :56 heure de l’est, plus d’un demi-milliard de personnes regardent en direct à la télévision les premiers pas de l’astronaute Neil Armstrong sur la Lune, suivi peu de temps après par Buzz Aldrin alors que Michael Collins orbite patiemment autour. Ils reviennent le 24 juillet sains et saufs, la mission est couronnée de succès et ouvre la voie à d’autres missions lunaires.

Quelques pubs de l'été 1969:




Le saviez-vous? C’est à l’automne 1969 qu’est apparu pour la première fois dans les rues le Dodge Challenger. Cette voiture sport se voulait l’équivalente chez Dodge du Plymouth Barracuda, lequel avait été conçu en guise de réponse à la Ford Mustang et à la Chevrolet Camaro. Le Dodge Challenger connaît depuis quelques années un regain de popularité avec la troisième génération qui se veut, esthétiquement, un beau clin d’œil à l’original.