samedi 24 mai 2014

Corgi Priestman

Voilà, les ventes de garage sont reparties de plus belle et avec elles de bien belles trouvailles à faire pour qui a l’œil, un peu de chance et qui n'a pas peur de se lever un peu tôt. Depuis le début de mai elles fourmillent un peu partout et c'est carrément l'embarras du choix. Une de mes premières prises de l'année se trouve à être un véhicule en métal moulé fabriquée par Corgi au milieu des années 60 et qui incidemment devenu le dernier joujou à venir s’ajouter à ma petite collection pour cette saison. Le voici tel qu'il apparaissait au catalogue de 1966, année où la compagnie britannique fêtait incidemment ses dix ans d'existence. J'avoue que j'aurais bien aimé trouvé le camion-remorque également...


Ce qu’on a ici c’est une excavatrice de marque Priestman Cub. Le Cub représenté ici fait partie d'une série, amorcée en 1928 par la compagnie Priestman, et qui comprenait également Lion, Tiger, Wolf et Panther.  Le modèle, à quelques détails près (la pelle, la couleur du toit et la position du logo) est très bonne reproduction de la véritable excavatrice, que voici:

 




J'ai été agréablement surpris de la condition du modèle surtout considérant son âge (hum hum). L'excavatrice est montée sur des chenilles de caoutchouc très résistantes qui roulent et elle peut pivoter entièrement sur elle-même. Le mécanisme de la pelle est activé par une petite manivelle sur le côté droit et qui simule un mouvement de creusage en boucle. On peut ouvrir le dessous de la pelle en tirant une petite tige. À l’intérieur de la cabine se trouve l’opérateur mais qu’on ne peut pas sortir. Il est prit là le pauvre. Même pas de pause pipi. Ce modèle-là, comme pour la remorqueuse et à peu près tous ceux fabriqués par Corgi, témoignent d’un art de fabriquer des jouets comme il ne s’en fait plus. Non, je déconne un peu. Il s’en fait encore mais ils ne sont pas vendus dans les grandes surfaces et ce ne sont pas des véhicules à mettre dans les mains d’un gamin puisqu'ils sont horriblement dispendieux.

 

Le saviez-vous? La compagnie Priestman fut fondée en 1870 à Kensington upon Hull en Angleterre par les frères William et Samuel Priestman. Passée entre plusieurs main, la compagnie, tout comme Corgi, n'existe plus aujourd'hui.

samedi 17 mai 2014

coelamen


C’était dans le cimetière Notre-Dame-des-Neiges par un début de septembre confortable avec ce p’tit vent douillet venant de je ne sais où faisant du coup dissiper la brume du matin. Durant ma promenade j’en ai profité pour dire bonjour à mon grand-oncle qui dor sous un grand orme. Et pendant que je lui piquait une jasette, autour de moi s’affairait une vie des plus grouillantes; là-bas une cigale chantait pendant qu’une hirondelle, haut perchée dans un érable, gazouillait pour se faire répondre par le zinzinulement d’une mésange. Par là on reconnaissait un pic chevelu alors que plus loin c’était une oriole du Nord. Se comprenaient-ils? Du reste ça m'a faisait penser à ces mères de familles qui autrefois s’échangeaient les derniers potins du quartier sur les balcons d'en arrière pendant qu'elles accrochaient leur linge sur la corde.

En reprenant mon chemin j'ai croisé de çà et là de magnifiques monuments dont certains me sont bien familiers. Au-delà, plus loin derrière, un peu en retrait, il s’en trouve d’autres plus discrets mais tout aussi magnifiques et qui demandent que l’on farfouille un peu pour les trouver. Comme celui que je vous présente aujourd’hui. Un superbe bas-relief, fabriqué en cuivre et fixé sur du granit. Contrairement à un monument en pierre artificielle, ceux en cuivre (ou encore en bronze) sont évidemment plus coûteux mais ne subissent pas une érosion aussi sévère face aux éléments. Cette sculpture est d’autant plus intéressante que je n’en ai pas aperçu [encore] de copie ailleurs dans le cimetière, ce qui laisserait possiblement penser qu’il s’agit d’une œuvre unique.



Le saviez-vous? Le cairn de Barnenez, en Bretagne, date de 4500 à 4700 ans avant J.-C., ce qui fait de cet ensemble un des plus vieux monuments funéraires au monde.


lundi 12 mai 2014

La Banque de Toronto en 1952


Cette photographie nous fait remonter à 1952 et nous place sur la rue Peel tout juste au sud de la rue Ste-Catherine. Nous regardons, sur le côté ouest, l’ancienne succursale de la Banque de Toronto. Nous connaissons aujourd’hui cette institution financière comme étant la banque TD ou, Toronto Dominion. En 1955 la Banque de Toronto a fusionné avec la Banque Dominion, d’où le nom actuel. Mais pour l’instant nous sommes toujours en 1952 alors il s’agit toujours de la Banque de Toronto. 

Est-il possible toutefois de définir à quel moment de l’année cette photo a été prise? Un peu de végétation nous aurait aidé mais il se trouve néanmoins quelques détails peuvent nous aider. Il n’y a visiblement pas de neige alors ce n’est pas l’hiver. Chose certaine nous sommes en matinée, comme en témoigne les ombres. Aussi, dans le portique de la banque, quelqu’un profite des rayons de soleil. Dans la rue, le camion-citerne de la ville vient de passer afin d’envoyer, d’un puissant jet d’eau, la saleté sur le bord du trottoir. Bien stationné devant la banque où l’on peut voir ce qui ressemble à un Dodge ’48 alors que devant c’est un Dodge ’50 mais je peux me tromper là-dessus.

À côté de la banque on peut apercevoir la mercerie Cortly Company où ces messieurs peuvent se procurer de magnifiques habits. À droite, de l’autre côté de la ruelle, c’est l’agence de voyages Tobin’s Travel Bureau qui est là.

Et que se passe-t-il donc en ce milieu d’année 1952? À Montréal, durant le défilé de la St-Jean-Baptiste, y’a le maire Camilien Houde qui s’est fait lancer des œufs pourris parce qu’il a ouvertement critiqué les employés du magasin Dupuis Frères qui faisaient la grève. Et cette grève, justement, s’est terminée environ un mois plus tard lorsque les employés ont accepté les dernières offres patronales. Au mois de juillet il y a eu les élections provinciales, lesquelles ont reporté au pouvoir le parti de l’Union Nationale de Duplessis mais l’écart avec les Libéraux s’est amenuisé. Ailleurs, sur le boulevard Dorchester, Radio-Canada se prépare pour sa première diffusion, laquelle est prévue au début de septembre.

Quant à la banque de Toronto elle se trouve dans une position financière très solide depuis la fin de la Seconde guerre, ayant pratiquement doublé son capital. Par contre la banque n’en a plus que pour trois ans puisqu’en 1955 elle va fusionner avec la banque Dominion pour devenir l’institution que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de la banque TD ou Toronto-Dominion. Quant au bâtiment sur la photo du haut, voici le voici tel qu'il apparaît aujourd'hui.



 
Le saviez-vous? Radio-Canada tient son origine dans le Canadien National. En effet, le CNR mettait à la disposition de ses voyageurs des diffusions radio afin de les distraire durant les longs trajets. À Montréal la station était CNRM (Canadian National Railways Montreal) alors qu’à Ottawa c’était CNRO (Canadian National Railways Ottawa). Le Canadian Radio Broadcasting Commission, créé en 1932 fit l’acquisition des installations radio du Canadien National pour diffuser ses émissions.

lundi 5 mai 2014

Au coin de Queen-Mary et Décarie en 1947


S’il y a bien une intersection qui a changé au fil des ans c’est bien celle du chemin Queen-Mary et du boulevard Décarie. Vous l’aviez reconnu? Bon, alors si vous peinez un peu à vous replacer laissez-moi vous aider. 
 
Tout d’abord on va se replacer dans le temps. L’année : 1947 et de par les arbres bien feuillus on peut facilement en déduire que nous sommes durant la belle saison. Les ombrages quant à eux nous laissent deviner que nous sommes en début de soirée. La prise de vue de la photo nous fait voir le sud-ouest et ce que nous voyons en plein milieu c’est le terminus Snowdon. Là, les circuits de tramways réguliers 17 Cartierville, 83 Windsor-Snowdon, 29 Outremont-Youville, 65 Côte-des-Neiges ainsi que l’autobus 19 Hampstead s’occupent des nombreux voyageurs qui arrivent majoritairement du centre-ville. Pour aider durant l’heure de pointe il y a aussi le circuit 41 Park Ave-Snowdon. 
 
Le terminus, tout comme l’édifice de la Banque Royale au fond à gauche, ont été démolis lors de la construction de l’autoroute Décarie durant les années 60. Face à la Banque Royale c’est la Banque Canadienne Nationale, que l’on désignait souvent comme la BCN. Elle est devenue aujourd’hui la Banque Nationale. De l’autre côté de Queen-Mary, sur Décarie, on peut voir la boutique Nathalie’s Hats où l’on vendait de très beaux chapeaux. Tout juste à côté c’est la bijouterie Pelchat & Gauthier. Puis, pour ces dames, c’est le salon de coiffure Antonacci et De Palma suivi de Paul’s Service Store, une chaîne de nettoyeurs à sec qui comptait plusieurs succursales (dont une au centre commercial Van Horne) et dont le siège social était au 1451 Beaubien. Bien à l’arrière on voit une grande enseigne qui vante Lowney’s dont les chocolats et confiseries font le régal des enfants. L’usine de Walter M Lowney se trouvait au 350 de l’Inspecteur, un magnifique bâtiment industriel reconverti en condos. Et parmi les petits détails amusants on note les deux enfants en bas à droite qui sont assis et qui regardent le spectacle des automobiles, tramways et autobus qui s’activent tout autour. À l’extrême droite on aperçoit une personne qui semble prendre une photo. 
 
Bien qu’on ne puisse le percevoir, les gens sont heureux cet été-là d’apprendre que le rationnement de plusieurs biens de consommation qui comprend viande et produits laitiers de même que l’essence et matériaux divers est maintenant chose du passé. Il s’agissait d’une mesure qui avait été mise en place par Ottawa afin de contribuer à l’effort de guerre. Il était temps, diront plusieurs. Finies les cartes de rationnement! Ah, et parlant d’Ottawa il y a André Laurendeau (après qui on a nommé un cégep) qui donne sa démission du Bloc populaire, un parti fédéral qui prône l’indépendance du Canada face à la Grande-Bretagne. Le parti ne se représentera pas aux élections de 1948. 
 
Malheureusement la communauté de Côte-des-Neiges telle qu’on peut la voir sur la photo, n’en a plus que pour vingt ans. La construction de l’autoroute Décarie en 1967, dont l’ouverture a coïncidé avec celle d’Expo 67, a certainement permis aux automobilistes de filer rapidement à travers la ville mais cette tranchée de béton a obligé la démolition de centaines de maisons et commerces tout en créant une profonde cicatrice urbaine. Ce faisant on a scindé ce qui était un beau quartier en deux, augmentant considérablement le bruit et la pollution. À titre de comparaison voici de quoi a l'air le coin aujourd'hui:


 
Le saviez-vous? Le 14 juillet 1987 des pluies diluviennes ont littéralement transformé l’autoroute Décarie en rivière car le réseau d’égout n’a pas pu évacuer toute l’eau tellement il y en avait. De nombreux automobilistes se sont retrouvés en situation précaire alors qu’il y avait 3,6m (11 pieds) d’eau dans la tranchée. Ils ont dû être secourus par des pompiers qui les ont sortis de ce fâcheux pétrin.