dimanche 27 juillet 2014

À l'intersection de Bleury et Craig en 1900


Cette photo nous ramène loin, très loin en arrière puisqu’elle nous place en 1900 à l’intersection des rues Craig (aujourd’hui St-Antoine) et Bleury. Ah, et nous regardons ici vers l’est. Il s’agit là, il faut bien le réaliser, d’un monde qui n’existe plus du tout. Voyons d’un peu plus près ce qu’il peut bien y avoir d’intéressant.

Chose certaine, nous sommes en été, comme en témoigne le tramway électrique à côtés ouverts. Plutôt que de monter par l’avant ou l’arrière on le faisait d’un côté comme de l’autre. Par contre, n’entre pas qui veut puisque le billet coûte un peu plus de cinq sous et trop cher pour la majorité des ouvriers qui travaillent bien souvent à quelque chose comme quinze sous de l’heure. 

Il peut sembler étonner de voir les gens autant habillés mais à l’époque c’était de mise, même s’il faisait chaud. Et pour trouver ces vêtements, justement, il y a deux endroits sur la photo qui semblent tout indiqués. D’abord à gauche le commerce de J.H. Blumenthal & Sons, avec son coin arrondi en pierre de taille, où l’on fabrique des habits sur mesure. De l’autre côté de la rue, dans l’édifice au coin tronqué, c’est la boutique de John Allan qui donne aussi dans les vêtements mais pas sur mesure quoique des ajustements soient possibles. Mais ici on peut habiller tant les hommes que les enfants et on peut aussi trouver tout un assortiment de beaux chapeaux. Parce qu’il ne faut pas oublier le chapeau! En 1900 sachez qu’un couvre-chef fait partie intégrante de l’habillement. Et puis ils sont tous fabriqués ici même à Montréal. Le canotier est très à la mode, tout comme le bowler également. 

Tout juste à côté du commerce de John Allan il y a celui de D.H. Hogg qui se spécialise dans la vente d’appareils photographiques et accessoires. En 1900 on pouvait se procurer une caméra Kodak pliable pour environ $17.50, une véritable fortune pour l’époque! La photographie était un hobby pour gens fortunés, assurément. 

Parmi les autres commerces avoisinants mais que l’on ne voit pas, ou très difficilement, on retrouve l’imprimeur J.H. Cornell ainsi que la boutique de chaussures et bottes J.H. Hamilton. Il y a également le plombier John Date ainsi que la St-Lawrence Brass Works & Sanitary Warehouse. Si vous continuez plus loin vous aller voir tout un tas d’imprimeurs dont J.H. Borrie, Babcock & Sons, Gilmour & Kerns. Nous sommes, après tout, pif poil dans le secteur que l’on surnomme «Paper Hill». 

Les poteaux quant à eux transportent cette invention magnifique qu’est l’électricité. Le courant alimente compagnies, commerces et habitations (celles qui peuvent se le permettre) de même que les tramways de la Montreal Street Railways. Il y a d’ailleurs à Lachine une centrale qui a été inaugurée en 1897 par la Lachine Rapids Hydraulic and Land Company. Mais les choses vont bientôt changer en ce sens. Rodolphe Forget et Herbert Samuel Holt songent à unifier leurs entreprises respectives soit la Royal Electric Company et la Montreal Gas Company. 

Et de quoi parle-t-on durant cet été de 1900? De plusieurs choses, évidemment. Certains discutent de Viauville, cette municipalité qui n’appelle qu’à prospérer. Il se trouve là toute une quantité de lots à bâtir et les tramways s’y rendent. Certains ont déjà acheté en allant voir monsieur Edmond Gohier, le représentant de la succession Viau à son bureau de l’édifice de la New York Life à la Place d’Armes. Tiens, parlant de la Place d’Armes, il y a là la nouvelle Banque provinciale du Canada qui vient d’ouvrir. Plusieurs citoyens qui avaient leurs épargnes à la Banque Jacques-Cartier se sont laissé convaincre par Guillaume-Narcisse Ducharme d’y laisser la leur argent. Le temps dira s’ils ont bien fait. 




Le saviez-vous? Les gens qui ont laissé leurs sous à la banque Jacques-Cartier alors qu’elle devenait la Banque provinciale du Canada ont bien fait puisque cette banque, après sa fusion en 1979 avec la BCN est devenue… la Banque Nationale.

1 commentaire:

  1. >Parce qu’il ne faut pas oublier le chapeau! En 1900 sachez qu’un
    >couvre-chef fait partie intégrante de l’habillement.
    Version 2014:
    «Parce qu’il ne faut pas oublier la casquette! En 2014 sachez qu’un couvre-chef fait partie intégrante de l’habillement d’une majorité d’ados et de jeunes hommes» ;-)
    Bon, d’accord, pas juste les ados et les jeunes hommes ; moi qui accuse à peine un peu plus qu’un demi-siècle en âge, je porte une casquette lorsque le soleil tape fort sur la ville - et sur la tête ;-)

    Un autre beau voyage dans le temps avec ce billet.

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