jeudi 29 janvier 2015

Un bâtiment qui en a vu passer



L’histoire d’aujourd’hui débute y’a de ça un bon bout, en 1863 plus précisément. C’était l’époque où le pays était constitué de six colonies distinctes et autonomes soit le Canada-Uni (Québec et Ontario), la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve, l’Île-du-Prince-Édouard et la Colombie-Britannique. De grandes étendues de terre situées entre la Terre de Rupert et les Territoires du Nord-Ouest appartenaient quant à elles à la Compagnie de la Baie d’Hudson.

Montréal, alors sous la gouverne du maire Jean-Louis Beaudry, vit alors une sorte d’âge d’or et le Vieux-Montréal devient peu à peu le centre économique et commercial du Dominion du Canada. Et depuis 1860, avec l’ouverture de cette merveille qu’est le pont Victoria et que le Grand Trunk a construit à ses frais, ce commerce prospère. La ville s’agrandit aussi, lentement dira-t-on, mais sûrement. C’est donc en 1863 que Charles Cole ouvre, au coin sud-est de l’intersection des rues Wolfe et De La Gauchetière, un commerce d’épicerie sis à l’adresse civique 186. En 1865 l’adresse change pour le 194, sorte de petit réaménagement minime qui ne sera pas le dernier. Le commerce connaît de bonnes affaires mais Charles Coles décède en 1872, laissant la charge de l’épicerie à son épouse, maintenant veuve. Cette dernière en change la vocation, passant d’épicerie à saloon et tient le fort pendant deux ans, après quoi l’espace commercial est occupé par Napoléon Hudon qui entreprend de réaménager une épicerie. En 1876 toutefois le nouvel exploitant, Jean Berthiaume, se charge de rouvrir à nouveau un saloon et qui va être transformé, très brièvement, en hôtel Berthiaume, enfin, jusqu’en 1879. Une certaine Olive Desautels fait l’acquisition de l’hôtel et du saloon et rouvre, après quelques rénovations d’usage, une épicerie. Qu’elle revend en 1884 à un certain Arthur Briault, professeur d’ébénisterie qui n’exploite pas, en passant, de commerce. En fait il va simplement résider là. En 1886 Arthur Briault quitte alors que les frères Alfred et Denis Gariépy s’amènent afin d’y ouvrir, vous l’aurez deviné, une épicerie, laquelle portera leurs noms. L’aventure est de courte durée puisqu’en 1887 ce sont deux autres frères, les Millot qui sont au comptoir. Ils y restent jusqu’en 1891 alors que c’est J. W. Rivest qui prend la place.


En 1893 l’épicerie ferme ses portes et redevient un logement alors que le peintre Napoléon Décarreau aménage. Il n’est pas seul toutefois car s’installe également Éliza Arbour, une veuve. La même année l’adresse civique change de nouveau et devient le 228 De La Gauchetière. Ils y demeurent à peine un an puisqu’en 1894 c’est le charpentier Nazaire Beaupré qui arrive. Après quelques rénovations d’usage l’épouse de ce dernier opère un restaurant. En 1897 Joseph Gervais arrive et décide d’ouvrir, vous l’aurez deviné, une épicerie. Pas de chance pour monsieur Gervais toutefois puisqu’à peine un an plus tard il passe de vie à trépas, laissant le commerce à son épouse, Mina. Peut-être en raison de la lourdeur de la tâche, elle vend à Cléophas Sanscartier, un ingénieur qui, à l’instar d’Arthur Briault, décide de fermer boutique et de ne résider sur les lieux. En 1900 c’est Maurice Charles qui arrive et avec lui un nouveau changement d’adresse alors que le 228 devient le 230. Maurice Charles n’ouvre rien sinon que la porte lorsqu’il entre ou sort et ça va demeurer comme ça jusqu’en 1910 alors que Napoléon Granger et ses bottines vont arriver pour ouvrir, vous ne l’aurez pas deviné, une quincaillerie. Les affaires semblent aller bien puisque monsieur Granger brasse des clous et des outils pendant une bonne dizaine d’années. Pendant ce temps, suite aux annexions, Montréal brasse aussi des choses, en l’occurrence les adresses civiques et le 230 devient le 590. En 1912 la quincaillerie ferme et le nouvel arrivant, Art Lippe fait de l’ancienne quincaillerie son nouveau logement. Lippe va demeurer comme ça les deux pieds sur le poêle à bois jusqu’en 1916 alors que Lionel V. de Grandpré arrive à son tour pour y ouvrir, ba-dum-tsss, une quincaillerie, ce qui est parfaitement dans ses cordes puisqu’il est machiniste de métier. Puis, en 1921, durant l’hiver, s’amène un monsieur qui s’installe devant la quincaillerie de Grandpré avec un appareil photo. Il s’assure que son film est bien en place, vise, ajuste et prend le cliché qui se trouve en haut de l'article.

Et que retient notre attention en cet hiver de 1921? En février le gouvernement Taschereau fait adopter la loi qui créé officiellement la Commission des liqueurs, que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de Régie des alcools. Mais justement, ce même gouvernement Taschereau sera entaché par l’affaire Garneau. Il s’agit du meurtre, toujours non-élucidé, de Blanche Garneau, une jeune fille de 22 ans qui résidait dans le quartier Saint-Sauveur et qui fut trouvée morte en 1920 au parc Victoria. Violée puis étranglée, les enquêteurs ne sont jamais parvenus à épingler de coupables mais la machine à rumeurs a vite pointé du doigt des fils de députés du Parti Libéral.  Le gouvernement Taschereau, dont le premier ministre fait également office de procureur général, est accusé de se traîner les pieds et de diluer l’affaire dont on parle partout en province. Plus près du printemps monseigneur Bruchési y va d’un coup de semonce bien senti à l’égard du cinéma, du théâtre et de la danse comme moyens de perdition des âmes catholiques.

Retour au bâtiment.

Les choses vont bien et monsieur Grandpré tient pignon sur le coin de la rue pendant de bien bonnes années. Même la crise économique de 1929 ne semble pas ébranler ses affaires. La seule chose qui change cette année-là est, encore une fois, l’adresse civique laquelle passe du 590 au 1150 et qui deviendra l’adresse définitive. Cette réorganisation ne touche pas seulement le faubourg à m’lasse mais également l’ensemble du territoire de la ville de Montréal.

En 1935 monsieur de Grandpré quitte et le local devient St-Hubert Bird & Seed & Store & Hardware, propriété de Wilfrid Lefebvre. En plus des articles de quincaillerie courants on peut maintenant se procurer des trucs pour les p’tits oiseaux mais l’aventure ne dure que deux ans puisqu’en 1937 arrive H. Simoneau qui transforme la quincaillerie en une tabagie où l’on peut se procurer articles de fumeurs mais aussi des bonbons. En 1939 c’est Mathieu Passau qui prend la relève et continue d’exploiter la tabagie. En 1941 s’amène Georges Daigle, un tailleur et une certaine stabilité s’installe puisque monsieur Daigle va y demeurer jusqu’en 1950. En 1951 tout change, encore une fois alors que l’entreprise J. O. Labrecque & Cie. s’installe afin de vendre charbon, brûleurs à l’huile, fournaises en plus d’offrir des services d’entretien et de réparations. En 1955 le commerce n’existe plus et le local est vide. C’est l’année suivante, soit en 1956, que s’installe Marcel Bicycle et les choses vont bien. En 1958 toutefois un gros nuage d’incertitude se forme au-dessus du quartier alors que la Société Radio-Canada est à la recherche d’un terrain pour y faire construire une grande tour ainsi que des bâtiments connexes qui permettront à Radio-Canada de centraliser tous ses services. Nous sommes alors à l’époque du plan Dozois, lequel vise à éliminer les taudis et malheureusement le secteur de la rue Wolfe près de La Gauchetière est dans la mire de même que les autres rues vers l’est. La petite boutique de vélo continue d’exister mais vit sur du temps emprunté et en 1964 c’est la fin alors que les bulldozers écrabouillent tout ce qui se trouve dans la quadrilatère formé par les rues Wolfe, Craig (St-Antoine), Papineau et Dorchester (René-Lévesque). Aujourd’hui il ne se trouve plus rien sinon un banal stationnement.








Le saviez-vous? La rue De La Gauchetière tient son nom de Daniel Migeon, sieur de La Gauchetière (1671-1746) qui fut capitaine et propriétaire de grandes terres.  

dimanche 25 janvier 2015

Une question d'échelle

L’astronomie est un truc qui m’a toujours fasciné. J’étais un p’tit proutte qui ne savait même pas lire que j’avais toujours le nez fourré dans les encyclos que mon grand-oncle me laissait «consulter». Heureusement y’avait dedans tout plein d’images fascinantes; j’y voyais des planètes lointaines aux teintes surprenantes, des lunes étranges, des nébuleuses, des constellations d’étoiles et combien d’autres choses tout aussi mystérieuses et, en tournant les pages, j’étais toujours un peu déçu de ne jamais apercevoir la fusée XL-5 quelque part.

À la télé, je voyais les reportages sur les missions Apollo, lesquelles à ce moment-là tiraient à leur fin. Et un jour, en voyant les astronautes gambader sur la Lune j’ai osé la question : ils sont où ces astronautes? Mon grand-oncle m’a alors amené sur le balcon d’en arrière et a pointé du doigt le disque blanc dans le ciel. Ils sont là-bas, m’a-t-il dit. Ils doivent porter des combinaisons parce qu’il n’y a pas d’air sur la Lune.

Et c’est loin comment la Lune? Que j’ai demandé. Très loin m’a-t-il répondu. Ah? D’accord, mais loin comment? Bien qu’il aurait voulu m’expliquer le concept de l’énorme distance qui sépare la Terre de la Lune je n’aurais absolument rien compris parce ce que lorsque l’on va à la maternelle, aller au supermarché c’est presque le bout du monde alors imaginez la Lune!

Cette Lune nous l’avons foulée depuis bien longtemps et c’est bien malheureux que nous ayons cessé. Nous avons aussi envoyés des sondes ainsi que des robots un peu partout dans notre système solaire, lesquels nous ont retransmis des images et des données extraordinairement précieuses. Je me souviens des premières images de la surface de Mars retransmises par les sondes Viking ou encore celles de Vénus par les sondes Venera. En 1977, l’année de Star Wars, on a envoyé deux sondes jumelles, Voyager 1 et 2 explorer les confins du système solaire. Encore aujourd’hui les deux vétérans poursuivent leurs chemins et, incroyablement, parviennent toujours à nous transmettre des informations. Plus près de nous la NASA a envoyé sur la surface de Mars deux véhicules; Opportunity se ballade depuis maintenant onze ans et Curiosity, lequel est beaucoup plus gros et aussi plus complexe. Les données, tant scientifiques que visuelles qu’il nous retransmet sont rien de moins que fascinantes et, avec les moyens techniques d’aujourd’hui, on peut accompagner Curiosity grâce au web. Plus récemment nous sommes parvenus à se faire se poser sur une comète une autre sonde, Rosetta. Imaginez un peu toute la science et la mathématique requise pour réaliser un tel exploit! Et bientôt ce sera au tour de la sonde New Horizons, laquelles’approche, au moment d’écrire ceci, de la mystérieuse Pluton.

Mais malgré toutes les fois où l’on entend parler de Mars, Jupiter ou Pluton, nous ne parlons toujours que de notre système solaire, cette petite arrière-cour avec laquelle nous sommes aujourd’hui plutôt familiers. Toutefois, avons-nous réellement une idée de la taille de notre système solaire et de ce qui se trouve au-delà? À cet effet je vous propose donc dans l’article d’aujourd’hui un petit exercice comparatif qui vous aidera à mieux saisir les dimensions de notre univers.

On va commencer par notre bonne vieille Terre. Celle-ci fait approximativement 40,000 kilomètres de diamètre. C’est une bonne distance. Si cela était possible, faire le tour de la Terre à son équateur en voiture à une vitesse de 130 km/h prendrait quelque chose comme douze jours et quelques heures à parcourir. Ça donne une bonne idée de la taille de la Terre. Maintenant on va s’amuser avec les proportions afin mieux définir la taille de la Terre par rapport au système solaire. Réduisons le Soleil à une taille un peu plus petite, disons un énorme ballon de plage de 26 pieds (8m) de diamètre et plaçons-le, disons, pif-poil au milieu de l’intersection des rues Sherbrooke et St-Laurent. Voilààà. Histoire de conserver les proportions on va maintenant réduire la Terre à la même échelle, soit une bonne vieille balle de baseball. Et où place-t-on cette balle de baseball? Sur la rue Sherbrooke mais à l’intersection de la rue St-Christophe dans l’est. Ce qui veut dire que son orbite l’amène aussi loin à l’ouest qu’à la rue Union, au nord à la rue Napoléon (pas loin du restaurant Chez Moishes) et au sud dans les environs de la rue de la Gauchetière. La Lune quant à elle est une balle de ping-pong qui orbite la balle de baseball à une distance d’environ 6’7 (2m). Maintenant je vais vous étourdir un peu.

L’étoile la plus proche de notre système solaire est Proxima du Centaure, une naine rouge située à quelques 4.2 années-lumière de nous. Une année-lumière étant une unité de mesure définie par la distance que parcourt la lumière en une année à la vitesse de 350,000 km/h. Ça veut donc dire que si vous partez de la Terre dans une fusée et voyagez à cette vitesse vers Proxima du Centaure il vous faudra 4.2 années avant de l’atteindre (2.1 années pour accélérer et 2.1 années pour déccélérer). Mais encore là, c’est une distance qu’il n’est pas facile à conceptualiser. Reprenons notre Soleil et cette fois ramenons-le à la taille d’une orange navel puis déposons-la, encore une fois, à l’intersection des rues Sherbrooke et St-Laurent. Maintenant, à quelle distance se trouve Proxima du Centaure? Essayez la pointe ouest de Vancouver, en Colombie-Britannique. Et ça, c’est l’étoile la plus proche. Bon, avec ça nous avons une meilleure idée des proportions mais amenons ça une coche plus haut. Notre galaxie, la Voie Lactée, compte une quantité absolument gigantesque d’étoiles de toutes sortes. Combien? On ne peut répondre précisément à cette question mais on a avancé des estimés allant jusqu’à approximativement 100 milliards. Mais voilà, notre galaxie n’est pas la seule dans l’univers, de loin s’en faut. Il y en a beaucoup d’autres mais combien? Encore ici, c’est difficile à dire avec exactitude. Toutefois nous disposons d’un outil très utile pour nous donner une idée approximative : le télescope spatial Hubble. En orbite autour de la Terre, les instruments optiques de Hubble ne sont pas gênés par la pollution lumineuse et autres distorsions atmosphériques, permettant d’avoir des images très claires et très nettes de notre univers. Un jour on a pointé un de ces instruments dans une région très précise en direction de la constellation du Fourneau. Une région pas très grande toutefois, quelque chose comme une petite fraction de la taille d'une pleine lune. C'est le Extra Deep Field, ou, si vous préférez, XDF. Regardez l'image ci-bas et notez le petit rectangle. Il s'agit de l'endroit précis que Hubble a longement observé. 


Avec un temps d’exposition très long, permettant ainsi de pouvoir capter des sources de lumière très éloignées et très faibles, on a colligés les résultats et et assemblé l'image finale. Ce qu'on y a découvert dépassait l’entendement.


Le petit rectangle? voici ce qu'il contenait. À part quelques étoiles de chez-nous, reconnaissables à leurs pointes, presque chaque point lumineux que vous voyez sur cette photo est une galaxie. À partir de cette image, qui compte des milliers de galaxies, on a estimé qu’il se trouve, dans l’univers observable, quelque chose comme 200 milliards de galaxies. Multipliez maintenant cela par le nombre d’étoiles qui se trouve dans chacune d’entre elles, soit 100 milliards. Le résultat de cette multiplication donne un 2 suivi de 24 zéros. Le regretté astronome Carl Sagan avait avancé l’idée qu’il se trouvait dans l’Espace autant d’étoiles sinon plus que tous les grains de sables de toutes les plages sur Terre. Commencez-vous à avoir le vertige?

Mais voilà qui est amusant, même lorsque l’on dit qu’une galaxie peut contenir 200 milliards d’étoiles il n’est pas facile d’avoir une conception visuelle bien précise parce que 200 milliards, c’est tout de même beaucoup. Or nous vivons à une époque où les percées technologiques nous permettent de plus en plus d’apercevoir des choses incroyables. Dernièrement la NASA a utilisé la caméra ACS (Advanced Camera for Surveys) d’Hubble pour prendre plus de 411 images de notre galaxie voisine dont j’ai parlé plus haut, Andromède et qui est estimée être assez similaire à notre bonne Voie Lactée. On a ensuite rapiécé les 411 images pour en faire une sorte de courtepointe tout à fait incroyable. On peut d’ailleurs admirer le résultat en cliquant sur ce lien. Le site propose d'explorer un coin d'Andromède un peu à la manière de Google Maps, on peut zoomer et, à chaque fois que l’on zoome, l’image se précise et ainsi de suite jusqu’à atteindre une profondeur tout à fait étonnante. Et comment Andromède est éloignée? Si la Voie Lactée et Andromède étaient des bacs de sable d’environ 20 pieds de diamètre elles seraient éloignées de 2000 pieds l’une de l’autre.

Fascinant, n’est-ce pas? Maintenant dites-vous que chacun des points lumineux dans l’image est un soleil autour desquels orbitent possiblement des planètes. Se pourrait-il que des formes de vies, potentiellement intelligentes, se soient développées? C’est sur cette question que s’est penché le professeur Frank Drake en 1961 et qui l’a amené à proposer ce qui est devenu l’équation de Drake, laquelle, avec un savant calcul, estime le nombre de civilisations intelligentes dans la galaxie et qui se lit comme suit :
  • N est le nombre de civilisations extraterrestres dans notre galaxie avec lesquelles nous pourrions entrer en contact
  • R* est le nombre d'étoiles en formation par an dans notre galaxie ;
  • fp est la fraction de ces étoiles possédant des planètes ;
  • ne est le nombre moyen de planètes potentiellement propices à la vie par étoile ;
  • fl est la fraction de ces planètes sur lesquelles la vie apparaît effectivement ;
  • fi est la fraction de ces planètes sur lesquelles apparaît une vie intelligente ;
  • fc est la fraction de ces planètes capables et désireuses de communiquer ;
  • L est la durée de vie moyenne d'une civilisation, en années.
Résultat? Dans notre galaxie seulement on estime le nombre de civilisations intelligentes entre 1,000 et 100, 000,000 et on estime qu'il se trouve possiblement 200 milliards de galaxies dans l'Univers. 





Le saviez-vous? Le nom de « Voie lactée » (Galaxías en grec) trouve son origine dans la mythologie grecque : Zeus, désirant rendre Héraclès immortel, lui fit téter le sein d’Héra alors endormie. Celle-ci essaye d'arracher Héraclès de son sein, et y parvient en laissant une giclée de lait s'épandre dans le ciel, formant ainsi la Voie lactée. 

samedi 17 janvier 2015

À l'intersection de Peel et Ste-Catherine en 1964

(Photo: Archives de la ville de Montréal - 013_VM94-Ad144-027)

Iintersection des rues Ste-Catherine et Peel durant l’été de 1964. Au niveau de l’urbanisme on peut noter deux choses; d’abord la rue Ste-Catherine était encore à deux sens et l’actuelle rue Peel portait, au sud de Ste-Catherine, le nom de Windsor d’où l’on a évidemment tiré le nom pour l’hôtel et la gare. Comme on peut également le constater, la rue et le trottoir sont très propres. Non seulement il se trouvait dans le temps une petite armée de nettoyeurs qui sillonnaient les rues mais les gens étaient habités de fierté et d’orgueil pour leur ville.

L’absence de congestion automobile peut étonner et malgré le fait que le métro soit en construction la rue Ste-Catherine est bien desservie par des autobus, en l’occurrence ici les bons vieux Brill, fabriqués par Canadian Car, l’un à gauche et un autre à droite un peu vers l’arrière. Le brun et l’argent étaient les couleurs de la CTM à ce moment-là. CTM pour Commission de transport de Montréal. Elle ne deviendra la CTCUM qu’en 1970.

La voiture brune à droite et que l’on voit de derrière est un Cadillac Fleetwood 63. Devant, en bleu un Cadillac De Ville 1962 précédé, tout juste après l’intersection, d’un Chevrolet Bel Air 1961. De l’autre côté de la rue, nous faisant face, se trouve un Chevrolet Impala 61 de la compagnie de taxi Diamond et dont le chauffeur nous envoie la main. Tout juste derrière, un autre taxi, possiblement un Chevrolet Nomad 1960 mais de la compagnie de taxi Vétéran cette fois, une compagnie qui n’existe plus.

Le premier commerce que l’on a peine à percevoir à gauche est la pharmacie Berke. Tout juste de l’autre côté de Peel se trouve la boutique de chocolats et bonbons Laura Secord. Tout juste après c’est Nogay Tobacco Shop suivi de Royal Linen Store. S’ensuit Hery & Co., une bijouterie après quoi c’est la boutique de chaussures Dack’s. Ce dernier côtoie le magasin Dobridge, puis Reitman’s, Kresge, la bijouterie People’s Credit et finalement Le National Trust. Encore un peu plus loin c’est Simpson’s et un agrandissement de la photo nous permet justement d’apercevoir un camion de livraison de ce grand magasin à rayons. À droite c’est évidemment l’édifice Drummond lequel loge plusieurs locataires différents.

S’il faut en juger de par la façon dont les gens sont habillés on peut facilement conclure que c’est l’étéQuant à la journée ça risquerait fort d’être une journée de semaine étant donné la présence d'homme’ en complets dans la foule qui se déplace à gauche. Ceux-ci sont fort probablement en pause-dîner puisque l’horloge lumineuse du Montreal Trust indique 12 :19.   
Et que se passe-t-il durant l’été de 1964? D’abord les montréalais ont un nouveau quotidien pour se renseigner sur l’actualité; le Journal de Montréal, fondé par Pierre Péladeau et qui devra faire concurrence à La Presse, Montréal-Matin, Le Devoir ainsi que La Patrie. L’aventure réussira-t-elle? Seul le temps le dira. C’est d’ailleurs dans les journaux que l’on peut apprendre, le 1er juillet que le gouvernement fédéral vient de voter la Loi 16 sur la capacité juridique de la femme mariée. Cette loi, parrainée par Claire Kirkland-Casgrain, donne désormais aux femmes le plein contrôle sur la façon dont elles peuvent gérer leur vie professionnelle et personnelle.  Puisque nous sommes dans la musique, c’est en 1964 que tourne le fameux yaya de Joël Denis, C’est fou mais c’est tout des Baronets, Ton amour a changé ma vie des Classels, Splish Splash de César et les Romains, Nous on est dans le vent de Pierre «Choubidouah» Lalonde et Doo Wah Diddy de Tony Roman, pour n’en nommer que quelques-uns. De l’outre-flaque nous proviennent deux succès de la sémillante France Gall; Sacré Charlemagne et Laisse tomber les filles. Et justement, parlant de la gente féminine, Roy Orbison fait un tabac avec Pretty Woman. Par contre l'évènement marquant en musique au Québec sera sans aucun doute celui-ci: 




Dans les nombreux cinoches de la rue Ste-Catherine qui se trouvent dans la région immédiate où la photo a été prise les cinéphiles ont l’embarras du choix. Pour les amateurs d’action il y a Goldfinger avec Sean Connery. Ceux qui préfèrent les westerns, même à saveur de spaghetti, il y a A Fistfull of Dollars avec Clint Eastwood. Pour ceux qui préfèrent les comédies musicales The Sound of Music avec Julie Andrews est évidemment un rendez-vous tout comme My Fair Lady avec Audrey Hepburn et Mary Poppins avec Julie Andrews. Dans un registre plus large on retrouve aussi Doctor Strangelove avec Peter Seller, ainsi que Viva Las Vegas avec Elvis Presley, pour n'en nommer que quelques uns. Du côté du cinéma québécois on retrouve La terre à boire, de Jean-Paul Bernier avec Geneviève Bujold et Pauline Julien ainsi que Trouble-Fête de Pierre Patry et mettant en vedette Jean Duceppe, Louise Remy et Lucien Hamelin. 


1964 marque aussi l'avancée des travaux de construction du métro de Montréal, lequel avance à grand pas. Sur Berri, Ste-Catherine, Ontario. Mont-Royal et quantité d'autres rues il y a quantité de véhicules de construction qui s'affairent. L'ouverture est prévue pour l'automne 1966 alors il n'y a pas de temps à perdre. 


Un autre grand chantier qui est en branle également en 1964 est celui d'Expo 67. Malheureusement le grandiose projet ne soulève pas les passions, au contraire, les gens haussent les épaules alors que des journalistes s'acharnent à répéter que l'évènement sera non seulement un gouffre financier sans fond mais que rien de tout ça ne sera près à temps. La direction d'Expo 67 embauche alors en 1964 un homme doté d'une très grande expérience pour les relations publiques, Yves Jasmin. ce dernier ne ménagera aucun effort pour promouvoir Expo 67. Les journées de douze et quatorze heures seront pratiquement la norme. Entretemps les travaux de construction d'Expo 67 se poursuivent.




Au moment d'écrire ceci il s'est écoulé très exactement 50 ans depuis le moment où la photo du haut a été prise. Il y a eu, bien entendu, des changements au niveau de l'urbanisme comme la transformation de Ste-Catherine en un sens unique, tout comme le changement de nom de la rue Windsor pour Peel. Et comment le secteur a-t-il changé depuis 1964? comme on dit, une photo vaut mille mots. 




La différence, comme on peut le constater, est appréciable. L'édifice au coin nord-est a complètement été «rénové» avec une facade de marbre qui malheureusement ne s'agence aucunement avec le reste. Terminés aussi les beaux auvents, gracieuseté des marchands. Quant à ceux-ci, ils sont à peu près tous disparus, incluant Eaton et Simpsons, que l'on considérait alors comme de véritables monolithes. Il reste bien Laura Secord mais le magasin n'a plus pignon au coin de la rue. 






Le saviez-vous? si le film Mary Poppins a laissé de merveilleux souvenirs aux enfants de 1964 il n'a été rien d'autre qu'une gifle au visage de son auteure, P.L. Travers. En fait, elle a tellement détesté le film qu'elle en a pleuré de tristesse. 

dimanche 11 janvier 2015

Teuf teuf

Ça arrivait comme ça de temps en temps, durant l'hiver, surtout.  D'abord une petite quinte de toux tout à fait banale mais qui malheureusement persistait un peu. Puis s'amenait le mal de gorge, la fièvre et aussi cette sensation de s'être fait passer sur le corps par un camion. Pas de doute, c'était la grippe. Je n'étais pas exactement fâché lorsque ma mère, venant tout juste de prendre ma température, me disait que je n'irais pas à l'école pour les deux ou trois prochains jours. Le sourire béat dans mon visage, j’vous dis pas.

Par contre, inutile de spécifier que si je restais à la maison ce n'était pas pour jouer avec mes Lego ou faire comme si j'étais en congé/vacances. Ah non. Je devais forcément garder le lit pour me reposer, ce qui n'était pas si mal parce que mon lit était fichument confortable. Commençais alors le menu constitué de soupe poulet et nouilles Lipton, de biscuits soda, de Jell-O, de Vicks Vap-o-Rub bien appliqué sur la poitrine ainsi que de l'aspirine rose pour enfants. C'est aussi à ce moment-là que ma mère apportait dans ma chambre, tout juste à côté de mon lit, le petit humidificateur Hankscraft que l'on avait. Elle le remplissait d'eau et y ajoutait une concoction incertaine qui comprenait, je crois, de l'huile d'eucalyptus. Ah, et une petite bouillotte placée sous les couvertures.

Pour me tenir occupé il y avait dans ma chambre un petit téléviseur avec un écran de 12 pouces en noir et blanc et dont j’avais «hérité» en quelque sorte. Placé sur un petit meuble en métal avec des roulettes il pouvait donc être tourné de façon à ce que je puisse le regarder tout en restant couché. Mais au milieu des années 70 nous n’étions pas encore abonnés au câble qui, dans notre coin, était l’affaire de Câblevision Nationale. Je devais donc me contenter de Radio-Canada, Télé-Métropole, de CBC et du canal 12. Je scrutais donc attentivement le TV Hebdo afin d'y dénicher quelque chose d'intéressant comme un film de Godzilla par exemple mais force d’avouer que les jours de semaine n’offraient pas grand-chose pour les enfants, enfin, pas avant 16 heures au moins. La fin de semaine était évidemment un peu mieux à cet égard avec les dessins animés dans la matinée alors que l’après-midi était l’affaire de Bagatelle et Déclic. Par contre, lorsque ma mère se servait dans la cuisine du couteau à viande électrique ou du malaxeur tout l’écran de mon téléviseur se brouillait. Quant à la soirée, elle ne pouvait pas être mieux avec Cosmos : 1999. Le dimanche par contre était d’une platitude incommensurable. De temps en temps je ressortais du tiroir ma petite radio Mickey Mouse, laquelle ne me permettait de capter que stations AM mais le soir venu j’aimais bien caler ma tête dans l’oreiller et l’écouter.

S’il ne se trouvait rien à la télé je pouvais compter sur ma réserve de Pif Gadget et aussi des Pif format poche que j’aimais bien parce qu’il y avait plein de jeux dedans. J’avais aussi une certaine quantité de comics comme Spider-Man, Hulk, Captain America et quelques autres mais dont la lecture était parfois pénible parce que les éditions Héritage confiaient souvent le lettrage traduit à des gens qui auraient dû tout faire dans la vie sauf écrire dans les bulles de comics. Curieusement, ou pas, c’était souvent lorsque j’étais malade comme ça que ma mère me ramenait des Sélections Jughead & Archie. Souvent très épais, je pouvais en avoir pour des heures à passer au travers toutes les différentes histoires. Dans la tranquillité de ma chambre le silence n’était dérangé que par les émanations de vapeur qui jaillissaient de temps en temps du petit humidificateur qui me faisait penser à un petit robot qui veillait sur moi. À neuf ou dix ans on ne manque pas d’imagination de ce côté-là.

C'est un peu comme ça que j'ai commencé mon année 2015; d'abord une petite quinte de toux sans importance mais qui a malheureusement persisté et qui a fait que je me suis retrouvé plus rapidement que ne pensais à respirer comme un vieux tracteur. Puis s'est amené le mal de gorge, la fièvre et aussi cette sensation de s'être fait passer sur le corps par un camion. Deux fois. Pas de doute, c'était la grippe mais qui s'est amenée aussi avec sa copine, la bronchite dont je me serais évidemment bien passé, tout comme cette vilaine chute sur la glace, gracieuseté des trottoirs-patinoires. Résultat; quelques côtes fêlées, des activités fortement réduites ainsi que quelques pilules et petites granules. Temps d'arrêt. C'est ce qui explique un peu mon absence par ici et qui n'a rien à voir avec une période des fêtes trop garnie. Je préfère alors garder l'horizontale et j'en profite pour ressortir le vaillant Hankscraft ainsi que mes vieux Archie (et contre lequel je peste toujours autant parce qu'il préfère Véronica à Betty). Quant à une bouillotte, pas exactement besoin, surtout avec trois minous qui ne demandent rien de mieux que de se coller sur moi. 






Le saviez-vous? Les bactéries comptent parmi les formes de vie les plus résistantes qui soient. Elles se retrouvent à peu près partout sur la planète, des fonds marins, dans les roches et dans la glace. Certaines variétés peuvent non seulement survivre dans la radioactivité mais aussi dans des environnements aussi hostiles que la surface lunaire, comme en témoigne les bactéries retrouvées par les astronautes d'Apollo 12 sur le module Surveyor, lequel avait aluni quelques années plus tôt.

samedi 10 janvier 2015

Bien branché


Sur cette photo, vraisemblablement prise au milieu des années 80, nous montre un type visiblement très branché, enfin pour l'époque en tout cas. Il s'agissait d'une publicité pour Sony, mais peu importe. Les avancées technologiques du temps en électronique ont été considérables, et, jumelées à des méthodes de fabrication de moins en moins coûteuses, ce qui était presque considéré comme de la science-fiction une décennie plus tôt, était maintenant une réalité. Pour un prix évidemment. Regardons ça de plus près. 


1) La radio portative que le type tient sur son épaule gauche n'était pas nouvelle, mais de ce type, oui. Elles étaient plus grosses, avec des haut-parleurs stéréo puissants, et comprenant un lecteur de cassette. Ce modèle-ci est de moyenne taille, considérant que certains "boom box", comme on les appelait, pouvaient être deux et même trois fois plus gros. Ces modèles-là, on les voyait sur le bord du trottoir où des jeunes s'adonnaient au "break dancing" sur un grand carton étendu au sol. 

2) Le caméscope sur l'épaule droite était un joujou relativement dispendieux. Les premiers modèles se vendaient à gros prix, souvent entre $1000 et $1500, tout dépendant du modèle. Et ceux-ci n'étaient pas équipés de mécanismes d'enregistrement puisqu'ils ne faisaient que transmettre l'audio et le vidéo dans un magnétoscope portatif. Et il fallait absolument un modèle portatif, les magnétoscopes de table n'étant pas compatibles. Pour filmer un mariage, une fête ou une réception, il fallait trimballer le magnétoscope portatif en bandoulière ainsi que la caméra. L'alimentation électrique était fournie par une pile rechargeable logée dans le magnétoscope et fabriquée spécialement pour le modèle que l'on utilisait. Quelques années plus tard, on a produit des caméscopes qui intégraient un mini-magnétoscope. Les premiers modèles utilisaient un format VHS-C, soit une version miniature de cassette VHS et qui ne pouvait enregistrer que pour une vingtaine de minutes. Encore plus tard sont apparus les modèles permettant l'utilisation de cassettes VHS régulières. On retrouvait aussi des modèles beta, mais ils n'ont pas connu la même popularité, et je vous explique ça dans le prochain paragraphe. 

3) Au début des années 80 il y avait deux formats de vidéocassettes: le beta (pour betamax) et le VHS. Le premier avait été mis au point par Sony en 1975 et le second par JVC en 1976.  JVC fabriquait ses propres appareils VHS mais avait aussi accordé des licenses à différents fabricants comme Hitachi, Panasonic, RCA, Electrohome, Toshiba, Sanyo, Quasar, et quelques autres. Sony pour sa part s'était refusée à accorder une telle license, préférant garder le plein contrôle du format beta, et pour cause puisque le beta était considéré comme un format ayant une image de qualité supérieure au VHS. Malheureusement pour Sony, toutes les compagnies qui fabriquaient des magnétoscopes VHS se faisaient une guerre de prix, ce qui a grandement avantagé les consommateurs. Sony a tardé avant d'offrir une license de beta à d'autres compagnies. Aussi, avec le beta on ne pouvait qu'enregistrer qu'une heure handicapait le format beta alors que le VHS en offrait deux. Lorsque Sony s'est réajusté en offrant des cassettes offrant 3 heures d'enregistrement le format VHS qui offrait maintenant 4 et même 6 heures d'enregistrement, avait joué en faveur du VHS. Et à ce moment, le format VHS détenait plus de 60% du marché, et cette proportion augmentait de mois en mois. Cette domination du VHS a relégué le beta dans l'arrière-cour, où il est devenu un format peu utilisé, marginal mais qui avait son lot d'adeptes. Le format beta était toutefois largement utilisé par les stations de télévision. Il faudra attendre le format DVD, puis Blu-Ray pour que cesse le règne du VHS. L'autre avantage notable du magnétoscope était de pouvoir programmer un enregistrement quelconque et ce même temps que l'on regardait une autre émission. Il ne suffisait que d'entrer la date, l'heure, le canal ainsi que la durée. Mon expérience personnelle m'a appris à mieux vérifier les télé-horaire car il n'y rien de bien amusant à regarder deux heures d'un championnat de boulinglais plutôt que ce film de science-fiction tant attendu. 

4) Le fameux Walkman. Il a été introduit en 1979 par Sony et a été le premier lecteur de cassettes portatif sur le marché. Dispendieux toutefois car son prix avoisinait les $200. Heureusement pour les bourses moins nanties, il se trouvait des compagnies qui ont fabriqué des lecteurs portatifs AM-FM sans lecteurs de cassettes pour un prix moindre, soit environ $75. Puis, peu à peu, ces appareils sont devenus plus abordables et intégraient des lecteurs de cassettes. Au milieu des années 80 on pouvait trouver un de ces lecteurs portatif pour environ $40. Cette mode, lancée par Sony, et copiée par plusieurs, a permis aux gens, pour la première fois, d'emporter leur musique là où ils allaient. 

5) Le Watchman, toujours de Sony. Voici une autre mode créée cette fois non pas pour la musique, mais bien pour la télévision. Le Watchman a été introduit en 1982 avec un écran noir et blanc de 5 cm. Mais comme tous les appareils technologiques du temps, la taille et la résolution de l'écran a augmenté. On a vu des modèles résistants à l'eau et en 1988, le modèle à écran couleurs. On pouvait donc regarder ses émissions de télé favorites à peu près n'importe où. À l'instar de passionnés de hockey et de baseball qui apportaient leur petite radio portative aux matches, cette fois ils apportaient leur petite télé portative. En plus de regarder les joutes en direct, ils pouvaient aussi voir les reprises. Le Watchman a pris fin en 2000. 

6) Dans les années 80, les systèmes de son étaient souvent "bigger is better", essentiellement une colonne d'appareils qui comprenaient un tourne-disque, un lecteur de cassettes double, un égalisateur de fréquences, un récepteur-radio, un lecteur laser ainsi qu'un puissant amplificateur. Le tout ceinturé d'enceintes de bonne taille. L'apparition des ensembles stéréo compacts, qui comprenaient souvent le même nombre d'appareils hormis le tourne-disque mais dans un tout petit format incluant les haut-parleurs a semblé, au début, quelque peu à contre-courant. Ils avaient néanmoins des avantages bien nets face aux gros systèmes. Ils étaient peu encombrants, pouvaient se loger plus facilement, étaient souvent moins dispendieux et la qualité sonore était certainement très appréciable. Bien que ces systèmes n'aient pas éclipsé les systèmes conventionnels, ils demeurent encore aujourd'hui fort populaires.

7) Les premières machines à écrire électroniques ont été mises au point par Olivetti en 1976 mais c'est durant les années 80 que l'on a vu des perfectionnements remarquables. On retrouvait des modèles avec un petit écran LCD qui permettait de voir le texte que l'on écrivait avant qu'il ne soit tapé par la machine. Certains en sont même venus à incorporer des correcteurs de grammaire basiques, et même des méthodes de sauvegarde sur disquettes. Toutefois, les mêmes innovations technologiques qui ont permis la création de modèles sophistiqués et aussi signé leur arrêt de mort puisque l'ordinateur personnel, avec écran et logiciels de traitements de texte tels Aldus Pagemaker. si ces machines à écrire électroniques ont disparu, il semble y avoir un regain d'intérêt, à titre de loisir bien entendu, envers les vieilles machines purement mécaniques. 

8) Le magnétophone à micro-cassette. Introduit en 1969, ce gadget était d'abord et avant tout un outil de bureau, parfait pour enregistrer un réunion, ou encore une entrevue. Oylmpus a aussi fabriqué une version stéréo, favorisée celle-là par des amateurs de concerts rock qui voulaient enregistrer les performances sans trop attirer l'attention, mais le produit n'a pas décollé. Non seulement ces magnétophones étaient miniatures, mais les micro-cassettes qu'ils utilisaient pouvaient enregistrer entre 60 et 90 minutes, tout dépendant du modèle. Plusieurs modèles de répondeurs téléphoniques utilisaient aussi ce genre de cassettes.

9) La calculatrice portative. Cette petite merveille, pour l'époque, est apparue durant les années 70. Elle permettait de faire des calculs peu importe l'endroit où l'on se trouvait. Encore ici, la technologie, surtout celle des années 80, s'est perfectionnée au point de rendre cet appareil abordable. Plusieurs étudiants du secondaires, dont moi, avions une de ces calculatrices. Les professeurs nous en interdisaient l'usage en classe, prétextant qu'une fois sur le marché du travail on ne transporterait pas toujours de tels appareils avec nous. C'était bien mal prédire l'avenir. Puis, on a vu apparaître des modèles de plus en plus minces, comportant des fonctions avancées et qui fonctionnaient même à l'énergie solaire. On peut aujourd'hui les trouver dans les magasins à un dollar. 

10) Le téléphone dit moderne. Il fut un temps où avoir le téléphone signifiait louer automatiquement de Bell. Toutefois, cette façon de faire s'est elle-même révolue, et l'on a pu finalement avoir l'option de soit louer avec Bell, ou d'acheter son propre téléphone dans une boutique comme La cabine téléphonique. Fini les téléphones conventionnels de Bell, bienvenue au téléphone Mickey Mouse, Garfield, Snoopy, transparents, ou encore, comme on le voit sur la photo, d'une seule pièce, l'interrupteur de trouvant sur la base. Pour engager la ligne, il suffisait de simplement le prendre dans ses mains et de le redéposer une fois la conversation terminée. Au milieu des années 80, un tel téléphone se vendait $10. 

11) Les écouteurs stéréo se déclinaient en deux versions: la version maison et la version portative. Les premiers n'étaient généralement pas compatibles avec les lecteurs de cassettes portatifs car les connecteurs de 6.35mm étaient trop gros pour les prises 3.5mm. Un p'tit tour dans une boutique de pièces électroniques comme Addison permettait d'acheter des adapteurs allant dans un sens ou l'autre. La plupart des écouteurs portatifs, généralement inclus avec les lecteurs, n'avaient pas une qualité sonore impressionnante et peu à peu les manufacturiers ont mis sur le marché des écouteurs hybrides qui étaient légers, peu encombrants mais qui conservaient la qualité sonore des écouteurs maison. 

12) Et finalement, les cassettes car les années 80 ont été la décennie des cassettes. Tels que mentionné plus haut, les émissions de télé, les films, les messages téléphoniques et la musique étaient l'affaire de cassettes. Si l'on vendait toujours une quantité appréciable de disques 33-tours, les cassettes audio grugeaient de plus en plus de parts du marché chez les disquaires. Quant aux cassettes vidéo, elles se détaillaient aux alentour de $20 chacune au début des années 80. Ce prix élevé était surtout le fruit d'une taxe spéciale destinée aux diffuseurs afin de les dédommager pour toutes pertes qu'ils subissaient aux mains des magnétoscopes. Puis, peu à peu elles sont devenues plus abordables et ont fini par se vendre pour quelques dollars. La qualité des rubans quant à elles, tout comme pour les cassettes audio, variait grandement et les fabricants n'hésitaient nullement à inonder leurs publicités de termes techniques profonds afin de convaincre les consommateurs que leur ruban était supérieur à la compétition. D'ordre général, il était convenu que des marques comme BASF, Hitachi, Sony et TDK étaient les meilleurs investissements. Et c'était la même chose pour les cassettes audio. Une différence notable toutefois; les premiers ordinateurs personnels bon marché comme le VIC-20, Commodore 64, Adam et TI-99 4/a utilisaient des cassettes audio pour l'enregistrement de programmes, et ici, les cassettes à quatre pour $1.44 chez Woolco étaient les meilleures. Les cassettes haute-fidélité enregistraient parfois des parasites que les cassettes Woolco (ou toute autre marque générique bon marché) ne captaient pas en raison de leur qualité médiocre. C'était pratique lorsque le programme était chargé dans l'ordinateur. Des parasites pouvaient effectivement empêcher le transfert de données. 

En conclusion, qui nous aurait dit, durant les années 80, que toute ce que nous voyons dans la photo du haut se retrouverait dans un petit et mince rectangle... 






Le saviez-vous? Le premier format de magnétoscope à voir le jour a été le U-Matic. Présenté par Sony en 1969, il a été commercialisé en 1971, mais était surtout réservés à des fins de production télévisuelles.