mercredi 22 avril 2015

Frigidaire en 1959


1949. La Seconde guerre est terminée depuis quatre et l’économie de guerre est lentement remplacée par une économie de paix. L’époque des privations et des coupons, qui limitait la nourriture, les matériaux de construction, l’essence et bien d’autres choses, est belle et bien terminée. Une des conséquences de ce changement est que de plus en plus de ménages peuvent alors se permettre des biens de consommation auparavant trop dispendieux pour eux. Parmi ces biens on note les électroménagers comme ceux que nous présente aujourd’hui General Motors dans cette pub parue en avril 1949.

Frigidaire est une marque de commerce qui non seulement existe encore mais qui s’est tellement bien établie qu’on en est venu à appeler ainsi n'importe quel réfrigérateur qu'il soit un Frigidaire véritable, un Bélanger, un Roy, un Westinghouse, un Coldspot ou autre. Ainsi, les gens s’achetaient un frigidaire. Ils mettaient la nourriture dans le frigidaire. Ils faisaient venir un réparateur parce que le frigidaire était brisé. Les clés tant cherchées se trouvaient sur le dessus du frigidaire. Le mot est tellement entré dans le langage populaire qu’on l’a même abrévié pour… frigo. Et pas seulement ici! En Australie et aux États-Unis il est désigné comme «fridge», aux Philippines on utilise «pridyider» alors qu’en Hongrie c’est plutôt «fridzsider». La marque de commerce se trouve parmi d’autres qui se sont lexicalisées au fil des ans. Les Écureuils pourraient vous en dire plus à ce sujet.

Quant au poêle, d’une largeur de 40 pouces, il ne pouvait évidemment qu’être installé là où l’espace le permettait. Aujourd’hui le standard est plutôt de 30 pouces. L’utilisation de l’électricité présentait des avantages indéniables sur le gaz comme un prix d’achat moins élevé ainsi qu’une surface de cuisson plus facile à nettoyer. Aussi, les éléments de cuisson assuraient une meilleure stabilité quant aux chaudrons et cafetières. La mise en marche ou d’arrêt se faisait en tournant simplement une roulette et une distribution plus égale de la chaleur permettait une meilleure cuisson. De plus, on éliminait les dangers que posait l’utilisation du gaz et des fuites potentielles, lesquelles pouvaient facilement et rapidement empoisonner une maison au complet. Sans compter que le gaz a longtemps été la cause principale des incendies domestiques.Les quelques inconvénients se limitaient au fait que le poêle ne refroidissait pas aussi rapidement qu’une poêle au gaz et il pouvait faire «sauter» les fusibles. 

Et combien coûtait un réfrigérateur en 1949? La moyenne se situait autour de $250 mais la plupart des détaillants offraient des possibilités de versements minimes en retour d’un paiement initial. Dans la publicité d’en-dessous pour le compte de J.R. Castagner, il suffit d’un acompte de $40 avec des versements mensuels de $10. Le tout sans intérêt.



En 1949 le premier ministre du Canada est Louis St-Laurent, le premier ministre du Québec est Maurice Duplessis et le maire de Québec, Lucien-Hubert Borne. 1949 est l’année de la fameuse «grève de l’amiante» qui a opposé les mineurs d’Asbestos et Thetford Mines aux employeurs. Les demandes des travailleurs, parfaitement raisonnables, se cognaient à une fin de non-recevoir. Pour faire avancer les choses, les travailleurs se sont alors mis en grève, quelque chose d’assez rare à l’époque. Cette grève n’a pas manqué de mettre le feu au tuyau d’échappement de Duplessis mais ce dernier était épaulé par le tout-puissant clergé et de ce fait, gloussait comme un dindon. Il s’est cependant étouffé dans son ricanement lorsqu’il a entendu monseigneur Joseph Charbonneau, archevêque de Montréal, prendre ouvertement position pour les grévistes. Malgré le fait que les choses ont rué dans les brancards, le conflit a finit par se régler et a marqué le Québec comme étant l’un des premiers pas vers la révolution tranquille. Et justement le clergé va, en 1950, en laisser une empreinte de pas dans l’arrière-train de monseigneur Charbonneau à cause de sa prise de position pro-ouvrière durant le conflit de l’amiante. Il va être ipso-facto remplacé par Paul-Émile Léger. Côté divertissement, et qui donne des pustules à monseigneur Léger, y’a toujours la sémillante Lili St-Cyr qui se déhanche langoureusement au Gayety et dont les spectacles élaborés font courir les foules. Pour les autres, moins porté sur la chose burlesque, y’a toujours Un homme et son péché qui est présenté au cinéma, il s'agit du premier film tiré du roman de Claude-Henri Grignon et qui fut publié pour la première fois en 1933.



Saviez-vous ça vous autres? On sait pu oussé qu’on a mis l’Kodak©. On a pensé que y’était dans l’armoire à côté d’la boîte de Kleenex© pis de Q-Tips© mais comme c’était pas l’cas on s’est dit qu’il pouvait être quelque part su’l Frigidaire© avec le Thermos© pis l’rouleau de Scotch-Tape©.  

1 commentaire:

  1. Je suis incapable, de nos jours, de croiser une pub dans une revue ou un journal, mais je m'attarde toujours quand il s'agit d'une ancienne publication. Ayant passé quelques années de ma vie face à des microfilms de journaux, je me suis souvent régalé. La première pub ressemble à ce qu'on croisait dans le Reader's Indigeste.

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