jeudi 10 juillet 2014

nudus XXI


Noa est une jeune fille à cheval sur la mi-vingtaine qui a une vision particulière de la nudité. D'entrée de jeu elle se retrouve devant mon rideau noir avec un naturel déconcertant. Qu’est-ce qu’il a de si déconcertant et de déstabilisant dans le corps humain pour qu’il déchaîne autant de controverses? demande-elle. Elle me pose la question, certes, mais elle la pose aussi à elle-même également, comme une interrogation personnelle à voix haute alors que son regard suit le lent mouvement de son bras. Et pendant ce temps je me laisse guider par ma caméra au lieu de simplement photographier ce que je vois et je n’interfère que très peu.

Mais Noa n'est pas un nouveau modèle, que non, j'ai déjà fait avec elle quantité de photos de portraits, pour son portfolio personnel, il y a de cela quelques années. C'était l'été de 2009 si je me souviens bien, alors qu'elle arborait une chevelure blondinette. Ici, elle est retournée à sa couleur naturelle, le brun très foncé. Je ne pense pas revenir aux cheveux teints, m'a t-elle confié. Blonde ou brune, elle est toujours pertinente, curieuse. 

Est-ce que l’inacceptation souvent engendrée par le corps nu ne vient pas nier sa beauté intrinsèque? Est-ce que ce dégoût, cette fausse pudeur ne remplace pas cette beauté par une vision arbitraire qui ne se soucie peu ou pas de la vérité objective? J’abaisse ma caméra, sa question faisant son chemin dans ma tête. Et pendant ce temps Noa continue ces lents mouvements de danse alors qu’elle sait très bien que je ne photographie pas. Peut-être, que je lui dis, que les gens mettent le symbolisme du corps devant sa véritable forme? C’est pour cela que nous avons besoin de l’Art, d’une représentation du corps humain qui remet sa nature même en relation avec sa forme, sa beauté. Noa s’arrête un moment. Ma réflexion lui plaît. Elle me lance un autre grand sourire qui illumine tout son visage et continue sa danse. Je remonte ma caméra et remet mon déclencheur au travail. 





Le saviez-vous? La province de l’Ontario et l’état de New York permettent aux femmes d’avoir la poitrine dénudée en public au même titre que les hommes.

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